Mélenchon, la Constituante, 2022… et tutti quanti
Il y a eu 228 ans le 22 septembre naissait la République, idée neuve s’il en était, temps magnifique où un peuple rencontre son espoir, un peuple qui avait porté l’abolition des privilèges, puis cassé les baronnies locales en créant les départements, qui avait décidé la fin du pouvoir royal et remporté la veille à Valmy, la plus belle des victoires sur les coalisés des monarchies d’Europe.
Valmy, cette belle date de notre histoire concluait ce cycle de la révolution entamée en 1789 en permettant la décision du 22 septembre, celle d’instaurer la République en France et de porter son idéal universaliste aux peuples du monde.
Comme il sait si bien le faire avec grand talent, Jean-Luc Mélenchon a célébré hier ce grand évènement dans une magistrale démonstration des circonstances qui conduisent un peuple à ce cheminement qui va de la révolte souvent confuse face à des situations diverses pour arriver collectivement à ce constat qui s’impose à nous aujourd’hui : Il faut en finir avec cette situation et la voie de sortie porte un nom : Nouvelle République donc nouvelle constitution adaptée aux besoins non satisfaits de notre temps : besoins sociaux, sociétaux, économiques, écologiques, démocratiques, bref en un seul slogan les thèmes réfléchis, développés, formalisés par les orientations de ce beau Parti de Gauche, créé dans la prise de conscience de la dérive libérale du PS, en 2008 : Ecologie- Socialisme- République
Dès lors, bien sûr, chacun le sent bien, la seule hypothèse de candidature crédible pour porter efficacement ces thèmes est bien celle de Jean-Luc Mélenchon sur la base du programme qui fut le sien en 2017 pour peu qu’il sache en extraire les effets réducteurs apportés par le mouvement FI, notamment lors de la convention de Lille sur la base de critères essentiellement électoraux, qui sont, en grande partie, un des éléments explicatifs des voix manquantes aux résultats de 2017.
Ne pas tenir compte de la seule réalité qui soit, celle d’une non-rupture avec les règles de la 5ème République, celle d’une étrange alliance avec les responsables de la situation qui nous a conduit là où nous sommes, à savoir le PS, tout le PS et ses alliés divers conduiraient inéluctablement le Président Mélenchon, et ce qu’il le veuille ou pas, à finir par devenir au mieux le Mitterrand de 83, au pire le Jospin de 98, c’est-à-dire épouser une stratégie de renoncement, de capitulation devant de soi-disant réalités économiques.
Je sais la difficulté qui est réelle pour un homme, fut il Jean-Luc Mélenchon à avoir le courage, la foi nécessaire à s’engager dans un tel combat mais devant l’histoire et le rôle qu’elle lui confère, s’il était compréhensible et humain qu’il renonce, une situation de non-candidat Mélenchon nous amènerait avec tristesse à repousser l’espoir de toute sortie du marasme et à laisser le champ libre peut-être à une issue aussi aventureuse que tragique. Difficile dilemme et solidarité Jean-Luc pour cette décision compliquée que cependant, je souhaite de tout mon être.
Et puis, pour revenir à ce débat essentiel, celui du programme, soyons clairs et ne renouvelons pas l’erreur majeure de 2017, celle qui depuis Lille, amena le point capital de notre programme, l’axe central de notre révolution à un nouveau débat référendaire relégué d’ailleurs assez loin dans le programme : La Constituante.
LE CHANGEMENT DE REPUBLIQUE, LA DEFINITION DE CE PROJET SONT L’AXE ESSENTIEL DE NOTRE ACTION.
Un maintien dans la constitution actuelle, un président monarque qu’il s’appelle Mélenchon ou pas, une assemblée nationale chambre d'entregistrement, fut elle majoritaire ce qui n’est pas prouvé ne résisteront pas longtemps aux institutions rôdées, verrouillées pour peu que forces de répression tirent les pieds pour se soumettre et que le peuple ait, comme c’est actuellement le cas, du mal à se mobiliser, ne pourra se terminer que par un moulage dans le système comme s’y est moulé Mitterrand en son temps et d’autres ailleurs en Europe.
Il nous faut donc assumer la rupture et la convocation de la Constituante doit être le premier acte du président investi comme, manifestement si l’on regarde ses intervention de septembre 2016 JLM le prévoyait avant Lille. La rupture doit se faire sans craindre les institutions et les règles de la 5ème. On ne peut pas, comme on l’a fait à Lille, arguer du fait qu’il nous faut rester réalistes et que nous ne pourrons décréter la Constituante sans un nouveau référendum du peuple qui l’autorise, avec les risques que ceci comporte, avec les grandes probabilités d’abstention record sur ce point, avec la tribune redonnées à toutes les forces de pression liguées pour donner le coup de grâce au Président élu.
Non, la Constituante doit être le point clé du programme, elle doit figurer en première place de la campagne, être le fédérateur qui redonne au peuple de France l’espoir et le sentiment qu’il peut retrouver sa place et le jour de la victoire. Avec l'élection du président le programme est adopté de fait, devient force de loi, il peut sans souci s’appliquer, légitimé par le scrutin populaire et être le premier élément d'affrontement y compris s'il le faut avec l'institution du Conseil Constitutionnel, ce conflit permettant au peuple de s'imposer autour de son Président.
C’est à ce prix et à ce prix seulement que peut s’ouvrir le chemin des jours heureux au tour du plus brillant de nos camarades et du bel espoir de la Révolution citoyenne..