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50 ans après...
30 août 2020

Bien peur qu’on ne s’en sorte jamais, la fausse gauche est trop utile au système.

119209150Un billet en allure de petit coup de gueule à l’heure où le PS est présenté comme l’incontournable de la gauche et où la vraie gauche (tout au moins le mouvement qui se présente comme tel) n’a rien de mieux à faire que d’accepter leur invitation et même de participer activement.

Quoi de mieux pour illustrer ceci que se me remémorer 50 années de relations difficiles entre ce parti et les idées qu’avec tant d’autres je porte avec l’espérance du retour aux jours heureux.

Dans les évènements de 68, alors que le pouvoir est vacant pour quelques heures, M.Mitterrand alors à la SFIO se présente en recours. Avec mon ami, nous resituons l’attitude cet individu en Algérie et à ce titre, nous jurons ensemble de ne jamais voter pour lui.

Nous sommes donc indifférents à la création du PS en 1971 et pour ma part, j’ai adhéré au PSU en 1969.

Par attirance du pouvoir, le PSU fait le choix majoritaire de s’inféoder au PS avant les élections de 1974, fin de l’histoire pour moi, je quitte le PSU et ne vote pas Mitterrand mais Dumont aux présidentielles et abstention au second tour. Culpabilisation de tout ce que mon environnement compte de « gôche », je fais partie « des 300 000 qui firent élire Giscard »…Peu importe, le serment est tenu.

1978, après âpre explication avec un secrétaire de section du PS, intelligent et sincère, qui m’explique que le PS a changé, que Mitterrand a changé etc.., j’accepte une adhésion au PS et vote (seule et amère trahison de notre serment) Mitterrand en 81, je m’enthousiasme des avancées sociales, des nationalisations, de l’abolition de la peine de mort, de la dépénalisation de l’homosexualité etc...

L’enthousiasme est de courte durée, en 1982, Mitterrand amnistie les généraux félons d’Alger, (le PS proteste un peu pour la forme et finalement cautionne)  et fait le choix en 1983 de l’Europe libérale qui entraînera tout le lot des reculs qui suivirent.

C’en est trop, je démissionne de ce parti, me jurant de ne pas revenir dans un parti avant bien longtemps.

1990, découverte du camarade Mélenchon, de son courage, de sa culture. Cet homme-là porte pour moi un espoir mais si je suis avec passion ses positions et activités, je ne le rejoindrai pas tant qu’il reste au PS. C’est ainsi que je le vois se battre, non suivi, pour l’interdiction du FN ou pour la 6ème République.

1998, la proposition de loi Mélenchon a fait son chemin et vient devant l’Assemblée, la loi pour un Pacte Civil de Solidariré. Boycott des débats par les députés PS, la loi est reportée. Ce jour-là, étant venu à l’Assemblée pour assister au débat qui consacre mes années de lutte pour l'égalité des droits, je me suis fixé dans la tête ce qui devint un slogan beaucoup plus tard « Jamais je ne voterai PS désormais ». La loi revenue un an plus tard est votée après une scandaleuse concession de la ministre PS : « pas de cérémonie en mairie » donc non reconnaissance par la République suite aux oppositions d’un quarteron de maires de droite.

Referendum de 2005, le PS appelle dans sa logique de 1983 à voter OUI, Mélenchon organise avec d’autres, les comités du NON et le Non l’emporte.

2008 enfin, je rejoins Mélenchon qui avec beaucoup d‘autres a quitté le PS et je fais le choix de l’accompagner en m’investissant à fond  dans cette belle aventure, ce grand espoir qu’est le Parti de Gauche.

Nous travaillons, ayant cette chance inestimable d’une génération de jeunes militants investis qui me rappellent mai 68, nous élaborons le beau programme qui fut celui de tous mes combats depuis le beau mois de mai et du congrès de l’évolution de la CFDT 1970, autour des thèmes de la démocratie, du socialisme, de la planification auquel par bonheur nous ajouterons avec des militantes de la valeur d’une Corinne Morel-Darleux, la charte de l’écosocialisme.

2012, JLM recueille 4 Millions de voix, le score à deux chiffres que nous espérions et tous les espoirs sont permis.

Mais commence la sempiternelle obsession des partis, celle des places à tout prix et c’est le désastre, l’hémorragie qui suivit les régionales 2014 et quelques alliances avec des PS ici ou là et fis prendre, aux 46 % de la plateforme alternative que nous étions, le slogan qui me réjouis et que j’applique avec fidélité « PLUS JAMAIS PS »

C’est avec grande joie que nous accueillons la décision de candidature de Jean-Luc Mélenchon et la mise en route d’un mouvement destiné à favoriser la victoire : la France Insoumise.

Comme en 1981, la joie fut pour moi de courte durée, les limites du mouvement devaient m’apparaître dès fin 2016, au travers d’un programme électoraliste de type PS Bis qui atténuait nos exigences en matière de rupture avec le système, qui imposait la notion de salaire net contraire à toute logique revendicative et remettait la Constituante au choix d’un aléatoire referendum… Je suis donc amené une fois de plus à prendre du recul avec ce mouvement.

Le scrutin présidentiel nous amenait à 7 millions de voix, à quelques petites marches du second tour et de la victoire possible. Malheureusement comme trop souvent, la lutte des places repris ses droits pour composer un groupe parlementaire, on se dispensa de quelques obligations, on permit des candidatures dispensées des contraintes édictées  et l’on rentra dans la traditionnelle valse des principes et des alliances pour les élections intermédiaires.

Le beau serment de 2012: "nous ne arrangerons avec personne d’autre que le peuple lui-même » prit un peu de plomb dans l’aile. Sans contestation interne une tête de file aux européennes put déclarer qu’au Venezuela « le président élu Maduro et le putschiste Guaido pouvaient être renvoyés dos à dos" en même temps que des anciens PS faisaient leur apparition sur la liste. Aux municipales la tambouille fut bien plus révélatrice et nous n’avons pas brillé sur ces deux scrutins…

Et aujourd’hui, une représentante intervient à l’université du PS qui ne se gêne pas pour en triompher et se présenter une fois de plus comme le pivot central d’une soi-disant gauche unie, c’est-à-dire une union autour de son choix de 83 de force active du néo libéralisme européen.

La boucle est bouclée, le PS a réussi son opération, la FI a terminé son cycle de force sage, fréquentable aux arguments électoralistes assumés, débuté en octobre 2016.

Il est temps de dire que pour moi, avec la tristesse d’un retour à nos errements d’antan, la page d’un quelconque  accompagnement de ce mouvement PS bis est tournée…Ca n’étonnera ni même m’émouvra personne…

Mais qu’on ne s’y trompe pas, depuis 1968, je suis et reste fidèle à mes idées, mes espoirs, mes serments intimes ou partagés et dans le temps présent l'un s’appelle Jean-Luc Mélenchon et, s’il se présente, il aura mon soutien et ma voix même si je n’accompagnerai pas la campagne du mouvement dont il est hélas, otage  et l'autre se nomme Parti de Gauche où jusqu’à sa mort ou la mienne, je militerai pour une refondation sur la base de nos superbes projets et de notre magnifique objectif : la Révolution citoyenne pour une République sociale, écosocialiste et républicaine.

Qu’on veuille donc bien admettre à la fois ma désillusion et mon espérance et savoir que » s’il n’en reste qu’un…et bien je serai celui-là ».

 

Commentaires
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