Tout ça pour ça….triste fin de partie
Cet article de blog est certainement le dernier….
Ma vie fut celle choisie d’être un militant, pour les causes découvertes à l’adolescence, l’antiracisme né dans les récits de l’horreur nazie, dans la guerre d’Algérie et la honte de la France de l’OAS et du racisme anti arabes notamment et la condition sociale, celle des inégalités sociales et sociétales de cette époque.
Deux périodes furent les plus belles de cette vie de combat, celle de 1968 à 1982, les magnifiques combats sociétaux des années 70 et celle de la période de construction du Parti de Gauche et du soutien de l’exceptionnel Jaurès du 21ème siècle Jean-Luc Mélenchon.
Je l’ai écrit sur l’insistance de deux amis dans ce livre « Avec la Loire pour témoin » et je suis heureux pour les lecteurs qui s’en sont imprégnés, s’ils en ont tiré quelques questionnements et informations sur ce qu’est une vie de militant, ses espoirs et ses désillusions.
Les espoirs, ce furent mai 68, cette extraordinaire mobilisation sociale débouchant sur une décennie d’avancées sociales et sociétales, de reprise de conscience de la force collective, ce fut la longue marche de Jean-Luc Mélenchon de 1990 à la victoire de 2005 et bien évidemment la construction du Parti de Gauche qu’il fonda et que nous voulions parti de la révolution citoyenne pour une nouvelle République sociale, de son programme réellement anticapitaliste, socialiste, écologique, du magnifique résultat électoral de 2012, survenant comme le fer de lance d’une victoire possible.
Les désillusions aussi font partie du tableau, celles du passé, un PSU victime de la volonté électoraliste de son président, une CFDT révolutionnaire s’enlisant dans l’orientation libérale d’un PS qui la prit en mains et surtout d’une victoire que nous avons cru espérance et qui en 18 mois a pris les virages du libéralisme le plus sauvage qui soit en même temps qu’il organisait, pour des calculs électoraux sordides la montée d’une force du racisme et de la honte, bref du FN.
Puis vint l’autre désillusion, l’arrivée d’un président dont le slogan prononcé à la Concorde était « d’en finir avec Mai 68 », qui porta à Lisbonne l’enterrement du vote du peuple français en 2005 et déploya avec brio toutes les thèses racistes portées par le FN, ouvrant grand les vannes à leur popularisation. Il fut suivi d’un président dit socialiste qui valida tout à la fois le traité de Lisbonne et la casse des conquis sociaux du CNR par les lois travail imposées sous mépris du parlement et répression policière de haut niveau en même temps qu’il tenait la porte d’accès du pouvoir à un digne représentant du monde de la finance qui depuis toutes ces années de ministre et de président achève le retour aux conditions de vie d’avant-guerre en utilisant et aggravant les enseignements de ses deux prédécesseurs…
Voilà la situation de notre temps et comment peut s’y retrouver un vieux militant, toujours aussi motivé malgré les années à tenter de mobiliser pour changer ce monde infernal et retrouver enfin pour notre peuple le goût des jours heureux…
Comment, convaincu qu’il n’est point de salut commun hors des organisations structurées et organisées que sont partis politiques et syndicats pour recenser les problèmes et les traduire en revendications et programmes, se situer dans cette mode dangereuse des mouvements gazeux ou chacun prend ce qui lui plait sans cotisation ni engagement personnel vis-à-vis du collectif, l’idée noble et généreuse de la gauche comme la détestable haine de l’autre de l’extrême droite surtout si sa couleur, sa religion ou son orientation n’est pas dans l’orthodoxie des siècles judéo-chrétiens.
Comment, militant de l’antiracisme, se situer dans un climat où l’ostracisme qui toucha les juifs et les touche encore aujourd’hui, où la ségrégation qui affecta des noirs et les poursuit encore de nos jours, laisse la place à un racisme anti-musulmans confondant terrorisme inacceptable et religion, où l’homophobie, malgré toutes nos victoires, tient encore le haut du pavé y compris et peut-être surtout chez les jeunes confondant allégrement homosexualité et pédophilie, où la juste cause des femmes pour l’égalité des droits et contre les violences dégénère en combat national digne de l’affaire Dreyfus, confondant geste de colère regretté et violence faite aux femmes.
Comment enfin, militant de la Révolution citoyenne par l’émanation d’une 6ème République, se situer quand son propre parti donne tout pouvoir à l’exécutif et parlement chambre d’enregistrement dans le plus pur esprit de la 5ème ?
Ces propos vous l’avez compris ne sont pas ceux du vieux militant aigri que je ne suis pas, quoi qu’il arrive, pour les quelques années valides qui me restent, soyons rassurés je garde la volonté de dire, de faire, d’espérer et rien sauf la maladie éventuelle ne me fera dévier de la ligne de vie ; ils sont des éléments de réflexion dans un monde gangréné par la réussite individuelle, le petit enfermement bourgeois du « moi d’abord et le reste si ça ne perturbe pas mon petit confort » et vous n’avez pas fini de me voir dans les manifs et autres actions.
J’ai découvert avec le Parti de Gauche, avec Mélenchon combien nos idées de jeunesse étaient justes et réalisables, je respecterai l’un comme l’autre jusqu’au bout et ne trahirai ce respect en aucune façon mais les dernières années avec les choix discutables de la FI, souvenez-vous d’une tête de liste renvoyant Guaido et Maduro dos à dos et surtout surtout, l’affaire et le traitement de mon camarade Adrien m’ont ouvert grand les yeux sur ce que nous pouvons être capables de faire.
Ainsi, quels que soient les arguments forts déployés pour prouver qu’une colère n’a rien à voir avec une violence conjugale, avec le vécu du PSU dont l’ambition électorale de son fondateur l’a conduit à se renier pour l’éventualité d’une victoire personnelle, avec la douleur des « évolutions » d’une confédération syndicale à laquelle j’ai donné mon maximum, j’ai vu aujourd’hui le parti de l’espérance auquel je me suis donné avec enthousiasme, pousser vers la sortie les meilleurs de nos camarades en 2016 sur fond d’allégeance au mouvement dit gazeux, verser la goutte de trop en excluant sous pression ultra féministe, notre camarade Adrien.
Cerise sur ce gâteau au final bien amer, voici que ce mouvement gazeux se distingue dans l’ »affaire Quatennens » avec une double peine infligée, un stage de rééducation imposé et une audition de vérification avant vote divisé pour son retour dans la groupe qui, entre parenthèses, lui doit la victoire de la plupart de ses membres.
Et pour finir, celui que j’admire et soutiens entre tous depuis 1990, celui que j’aurais tant aimé soutenir encore plus, l’homme qui, quoi qu’il arrive, gardera dans mon esprit la place qu’il y a conquise, pousse aujourd’hui un trublion de la FI, un député qui pour faire partie du groupe n’hésita pas dès 2017 à s’imposer sans respect des règles de candidature, qui dans l’affaire Quatennens ne s’est situé qu’en fonction de l’opportunité de faire tomber un rival pour 2027.
La coupe est donc pleine, la FI est dans la crise que je lui prévoyais dès 2016, la NUPES, erreur historique s’il en est joue ce rôle d’une hypocrite nécessité d’union pour une victoire électorale sur la bases d’une addition des contraires et malheureusement c’est sans doute pour moi la fin de l’histoire…
Bon vent camarades, les vrais amis resteront les amis, les faux s’ajouteront aux faux de 2016, incapables d’admettre une vision différente…Quant à moi je retourne à mes passions, celle de l’histoire, de ma ville, de l’écriture et du culte des fleurs de mon modeste terrain.