Stratégie…élections…révolution citoyenne…finalement on en est où ?
Je ne suis pas un fin analyste politique comme le sont certains amis du PG qui excellent en ce genre, je n’ai pas ce niveau et sans doute n’ai pas fait, pour cela, les efforts nécessaires. C’est donc en simple et vieux militant que j’apporte mon sentiment sur ce qui se passe dans notre pays.
Analyser l’état de notre combat qui devrait être le seul, celui de la Révolution citoyenne par une combinaison des urnes, de la mobilisation populaire, de la rupture avec le système par l’élection d’une Constituante imposée le soir de l’investiture du Président qui en l’état actuel des choses ne pourrait être que Jean-Luc Mélenchon, telle doit être la base de notre action.
Telle est la logique voulue dans mon adhésion en 2009 au Parti de Gauche, celle de mon combat permanent contre des solutions à seule vocation électorale, celle de mes oppositions à l’adhésion directe au Front de Gauche comme celle de mon refus d’une soumission sans esprit critique à la France Insoumise.
Il est dans la nature bourgeoise des forces politiques, notamment des partis de considérer que toute élection doit être honorée et le PG n’a pas hélas échappé à cette logique. Cette dernière a comme caractéristique essentielle de vouloir participer et gagner quelques sièges avec les combinaisons électorales que ceci implique et qui sont souvent bien malheureuses et comme conséquence accessoire d'éparpiller les forces et l'énergie au détriment de la construction d'un parti fort.
Nous l’avons vécu à tant et tant de reprise dans notre courte existence d’une décennie, nous avons connu la rupture du Front de Gauche par la seule volonté du PCF de pratiquer cette tambouille en 2014, nous avons vécu la triste et suicidaire crise interne du Parti de Gauche aux régionales de 2015 ou des accords de second tour faisaient face à notre slogan presque majoritaire du « plus jamais PS », nous avons subi les mascarades du comité électoral de la FI aux législatives de 2017, aux européennes et à ces municipales.
Et tout ceci n’a pas empêché la preuve éclatante à la présidentielle de 2017, qu’une autre stratégie est possible, qu’un programme autonome, certes insatisfaisant pour 20%, portant des relents dommageables sur des thèmes majeurs comme la Constituante ou la revendication de salaire, porté par un candidat d’exception frôle le second tour avec 7 000 000 de voix.
Faut-il se satisfaire pour autant de la stratégie qui, à ces municipales, nous conduit, nous Parti de Gauche à ne pas exister, à ceux qui me sont proches malgré tout, mes camarades du PG dans la FI, à se trouver noyés dans un océan de fausses analyses et de propagande médiatique pour de soi-disant victoires de ce qu’ils appellent la Gauche (en réalité l’attelage inconcevable du PCF et du Parti dit Socialiste responsable depuis 37 ans de notre situation) et d’une montée en puissance de ceux qui se font appeler Ecolos auto proclamés (et convaincus que le capitalisme est compatible avec l’écologie) depuis les Européennes comme solution d’avenir de tous les scrutins.
La vérité, c’est que tout ceci n’a rien à voir avec l’aspiration d‘un peuple qui le manifeste par ce que Jean-Luc Mélenchon appelle une « grève civique » et qui, pour moi, risque fort de porter un autre nom, celui de la résignation car, enfin si la grève était civique, elle se traduirait par un transfert ailleurs de la protestation, par la grève sur le vrai terrain des luttes, celui des lieux de production, elle se traduirait par des manifestations touchant aux millions de participants, elle se traduirait par un refus des forces de police de jouer le sale rôle qu’on leur fait jouer, bref, elle serait porteuse d’un esprit révolutionnaire…Nous en sommes très loin.
Dès lors, il est plus que temps, de repenser la stratégie, de ne s’organiser qu’autour de deux objectifs bien ciblés la mobilisation populaire et la victoire présidentielle sans se perdre à nouveau dans l’élection intermédiaire qui vient, celle des régionales.
Il est plus que temps pour Jean-Luc Mélenchon de se positionner clairement comme l’homme de la situation, de se sortir du carcan que lui impose la FI qu’il a créée et qui ne joue que sur l’objectif du maximum de sièges à chaque élection au prix souvent de concessions sociales-démocrates et d’alliances de circonstances bien discutables, il est nécessaire de redonner au Parti de Gauche la place qu’il n’aurait jamais dû perdre et de le refonder pour le seul objectif qui doit être le sien, celui de l’outil central de la Révolution citoyenne écosocialiste, il est fondamental de replacer l’élection de la Constituante au centre de notre combat et le projet social urgent comme base de premières mesures.
Réaffirmer la rupture comme essentielle, assumer l’affrontement clair des idées avec les forces diverses du capitalisme, y compris, et sans doute surtout, celles du capitalisme vert ou du capitalisme dit social sont les bases des mois à venir faute de quoi, nous ferons le bilan habituel de la 3ème place et du regret sur le taux d’abstention en même temps que du deuil pour très très longtemps de toute émancipation de la classe qui est la nôtre, ce que nous avons parfois trop tendance à oublier.