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50 ans après...
30 mai 2019

Et si ces élections confirmaient une hypothèse, celle que la solution ne peut être le mouvement

33585434_10213295834689505_3124957022760468480_nLes résultats sont tombés, que l’on soit militant de la FI, qu’on s’en soit éloigné comme moi, la nuit fut difficile et les matins ont des allures de de lendemain de beuverie, le goût du réveil d’un bon coup de massue.

Et pourtant tout est logique, nous vivons l’échec d’une stratégie, la logique d’un résultat et nous devons une fois de plus, sans pleurnicherie inutile, sans faux communiqués de victoire malgré tout, nous interroger, nous dire ce qu’ont dit nos parents et grands-parents face aux grands dangers : NO PASARAN

L’expérience des années trente, la montée des ligues, le racisme, les forces antisociales racistes (et il n’y a pas que le RN) ne doivent pas plus battre le pavé que nous ne devons tolérer la dictature du marché que nous impose la coalition ordo-libérale au pouvoir.

Il est donc temps d’analyser, de proposer, de mettre en œuvre une autre logique que celle où le mouvement FI nous a conduit dans cette affaire. Non pas que tout soit négatif, sur les 17 députés de ce groupe une bonne dizaine sont remarquables et font un travail formidable mais a quoi sert il au final ? 

Une précision d’emblée s’impose pour ce qui me concerne, ne cherchez pas à me faire nier mon soutien, mon admiration, mon adhésion à l’homme politique de haute culture, de courage que je suis et soutiens depuis 29 ans, avec qui j’ai vécu la belle aventure du Parti de Gauche et qui reste pour moi l’espoir de renouer avec notre stratégie initiale, celle de la Révolution citoyenne par la Présidentielle et la Constituante décrétée et non proposée, Jean-Luc Mélenchon…Précision également parce que je connais la vie politique que s’il arrivait que je sois en désaccord avec lui, mon attitude serait le silence, pas la route empruntée par ceux ou celles qui piétinent ce qu’ils ont adoré.

Enfin, une analyse ne peut se faire, à mon sens, sans un rappel de ce qui a conduit notre choix, celui de la déjà longue histoire, celle du PG et de la FI, de 2008 à 2019, désolé de vous en imposer la longueur mais elle me semble utile à la compréhension de la situation.

Ceci étant désormais clair, il convient de se poser et ce n’est qu’un avis personnel, n’étant rien et n’ayant ni le temps, ni la volonté de devenir ce que j’aurais aimé être, je ne m’institue pas en donneur de leçons ou en camarade qui possède toutes les clés.

2008 fut, avec la création du Parti de Gauche, la renaissance d’un grand espoir. Tous mes combats des années 70, mes espoirs  de mai 68 se retrouvaient derrière le courage politique de Jean-Luc Mélenchon.

Bien sûr, l’expérience de la vie militante m’avait rendu méfiant vis-à-vis de cette notion de parti dit creuset, de cet engouement pour le Front de Gauche où nous allions, comme par évidence, faire évoluer un parti communiste vers une force nouvelle… Le jeune militant exceptionnel camarade qui reçu mon adhésion au comité du Giennois m’expliqua que désormais, ce parti ne serait pas comme les autres et surtout pas comme le PS, que je pourrais m’y exprimer, m’y battre pour mes conceptions, participer clairement à la définition de sa stratégie.

Nous avons travaillé, implanté notre parti, participé aux scrutins, soutenu ardemment notre formation, ardemment travaillé amendements et réflexions aux différents congrès, réussi à force de débats et d'argent perso l'implantation d'un local. La réalité m’a assez vite amené à participer avec grand bonheur pendant 5 années au conseil national de notre parti. Dans ce cadre, inlassablement, conformément aux choix de notre comité, j’ai défendu la notion du parti fort, organisé, démocratique. Je vis comme tant d’autres le bonheur et l’espoir de notre congrès de Bordeaux.

Viennent ensuite les temps moins brillants, les municipales de 2014 avec la trahison du PCF et nous n’avons pas su profiter de la situation pour nous retirer de cette stratégie suicidaire, l’université d’été 2014 du PG où je me réveille stupéfait et inquiet de la décision communiquée au BN du retrait de la Présidence du parti pour Jean-Luc, certes promis à un autre destin mais qui fut quand même trop précipitée  et la création du M6R qui prive très vite le PG de toute réflexion autonome sur la 6ème République, les européennes déjà problématiques et commence la préparation du congrès de 2015.

Je m’y situe dans un groupe de camarades proposant une alternative autour d’une position claire sur l’Euro, d’une sortie du FDG, de l’organisation d’un parti fort, organisé et démocratique. Notre plateforme atteint 45% des adhérents du parti et j’ai de plus l’honneur d’être élu à la commission des débats.

Notre plateforme aura apporté au parti un débat passionnant, bien sûr battu en brèche par la majorité et aura malheureusement abouti au congrès à une résolution ambigüe dite consensuelle sur la sortie de l’Euro, sur le Front de Gauche, sur l’organisation.

Les résultats conduisirent à une position néfaste sur notre attitude au second tour des régionales où notre slogan « plus jamais PS » fut loin d’être appliqué et se soldèrent par le départ de centaines de nos camarades qui nous manquent tant aujourd’hui pour continuer à faire de ce parti ce qu’il devait être, le nouveau grand parti de masse du socialisme. C’est dans ce contexte que Jean-Luc Mélenchon nous annonce sa déclaration de candidature et la naissance du mouvement La France Insoumise qu’il annoncera prochainement ce qui fut fait en février 2016.

Ma dernière intervention au CN sera pour refuser la notion proposée par notre direction nationale de « mise au service au mouvement », espérant lui substituer une idée plus précise de rôle critique. Ce fut bien sûr refusé…

Blessé par tant de réalités, par le sort réservé à nos camarades du 45% et desmots qui vont avec, je quitte à ce moment le conseil national. Erreur ou pas, je n’en sais rien mais comme beaucoup, je ne suis qu’un militant, un humain, pas un politicien au sens mauvais du terme.

Donc se crée la FI, basée sur une simple inscription gratuite sur un site Internet dédié et, parce que j’ai pensé que, malgré tout,  c’était une bonne idée pour la Présidentielle et qu’il était de mon devoir de soutenir JLM, je m’y suis inscrit.

C’est en décembre de cette même année, le mouvement convoque à Lille sa première convention et je n’exclue pas d’y participer, mais le premier acte, celui que nous refusions au PG se met en place, le tirage au sort pour moi tout à fait antidémocratique, il fut suivi de débats sans vote, celui-ci étant réservé aux « cliqueurs » et apparaissent 2 orientations qui me posent question, la référence à un salaire net contraire à toute logique de revendication salariale, limitant en sus le montant à un niveau différent de la revendication syndicale des 1800 € bruts et surtout, le choix d’une Constituante par procédure référendaire contraire d’ailleurs au déclarations du candidat quelques jours plus tôt et démontrant le choix du mouvement de s’inscrire dans une logique qui n’intègre pas la rupture et rejoint la cohorte des positions dites social-démocrate, gentillettes et consensuellement électoralistes…

La phase des candidatures aux législatives, avec son comité électoral, ses choix, ses dispenses de charte pour certain(e)s, sans parler de contingences plus locales sur les choix, les locaux PG chèrement acquis et livrés à la FI qui les rendra finalement sans autre forme de procès, ont eu raison de mon soutien à ce mouvement et limitent ma volonté à continuer le combat dans mon parti.

Les élections présidentielles donnèrent el résultat que l’on sait, Mélenchon approchant les 20 %, ce qui était logique, cette élection phare de la 5ème ayant été conçue comme » la rencontre d’un homme et d’un peuple », c’est Mélenchon qui a fait le résultat, (et en l'atat actuel des chose c'est Mélenchon qui peut le refaire et l'améliorer) et la gentille acceptation par la FI des résultats d’un scrutin chargé d’irrégularités, logique attitude très « responsable paraît il » de militants visant la prochaine échéance…

Survint le mouvement des Gilets Jaunes et son soutien sans réserves par la FI alors que dès son lancement ce moment posait quelques questions légitimes tant son choix de la non-organisation, son  refus de toute existence syndicale ou politique, ses propos et actes sur certains ronds-points, le soutien appuyé par la mouvance Salvini du gouvernement italien devait légitimement nous interroger et ne devrait pas permettre aujourd’hui de s’étonner de son non-soutien, voire bien pire aux élections européennes.

Puis vint le temps des candidatures choisies par un comité électoral dans des conditions encore pire que les législatives ( les groupes d’action n’étant même plus force de proposition) et les conséquences que l’on sait avec la sortie de camarades de haut niveau, capables d’animer et d’argumenter positivement une campagne, Corinne, Djordje, François et le choix d’une tête de liste certes jeune, cultivée et au passé militant réel mais qui manquait cruellement de l’expérience nécessaire avec des positions ambiguës voire inadmissibles sur le Venezuela, la Palestine, une FI qui cultiva l’ambigüité sur la sortie des traités, oublia le terrain social et faisant le minima sur l’écologie, les deux terrains qui étaient porteurs du vote populaire. Pour couronner le tout, on se permet, oubliant le slogan de 45 % des adhérents de 2015 « Plus jamais PS » d’ouvrir la porte, en position éligible, d’un chantre du parti Socialiste finissant qui porte comme tous ses compagnons la responsabilité des actes et décisions des gouvernements Ayrault et Valls. Le slogan choisi du referendum anti-Macron étant et de très très loin, l’erreur la plus grave de cette campagne.

Tout ceci explique cela mais la question importante qui se pose est essentielle : ET MAINTENANT ?

C’est trop facile d’accuser Mélenchon de tous les maux, y compris son attitude humaine, compréhensible que beaucoup d‘entre nous auraient eu lors des perquisitions, c’est trop facile de laisser croire qu’il pilote tout alors que le mouvement, que certes il a créé, est devenu incontrôlable et qu’il en peut être plus l’otage que le leader, c’est trop facile car le problème est tout à fait ailleurs.

Il est dans la nature même du mouvement en général. J’ai eu dans mon parcours militant, l’occasion de participer au mouvement alternatif des années 80. Il était consécutif à la sortie du PS de 83 et de l’amnistie des généraux d’Alger, bref d’une certaine découverte des perversions que peut susciter un parti. Comment avons-nous fini ? Par des querelles de ce genre, par une liquéfaction du mouvement en multiples chapelles et le terrain de milliers militants refusant l’organisation tout en recherchant jusqu’à nos jours, le mouvement des inorganisés. On en retrouve un certain nombre tant dans la FI que chez les GJ.

La conclusion qu’il convient d’en tirer, que j’en ai tirée et qui trouva son aboutissement dans l’espoir du Parti de Gauche, c’est que la solution n’est en aucun cas le mouvement mais bel et bien un parti politique, de nature nouvelle certes, qui laisse une large part à l’horizontal, au débat démocratique, respectant son corollaire syndical mais qui exige organisation, ligne politique majoritaire qui respecte l’expression de ses contestataires mais s’impose dans les combats, qui impose l’adhésion payante obligatoire pour droit à expression en son nom, qui se structure en groupes organisés et interdépendants dans les cités, les quartiers, les entreprises, qui forme ses militants, promeut des outils d’information performant.

Ce parti existe à la condition de le refonder, d’accepter le fait que nous nous sommes beaucoup trop effacés, d’inviter clairement les militants de la FI à nous y rejoindre à commencer par les députés, remettre les couleurs du social et l’écologie à l’ordre du jour, les couleurs de notre drapeau bien trop vite laissées pour compte au profit du seul drapeau tricolore (qu’il faut aussi valoriser bien sûr) mais qui, seul, cultive l’ambiguïté sur nos choix de gauche.

Bref le temps est venu de sortir de cette nuit du PG et de reprendre nos couleurs, notre objectif de révolution citoyenne pour une république sociale et écologique.

 

 

 

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Commentaires
J
Rein à ajouter, tout est dit!... et bien dit!!!
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50 ans après...
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