Trois décennies d’incubation pour une nausée
Réalités et mises en scène nous font vivre une situation écœurante et indigne de notre passé, celle du refus de l’autre, celle des faux prétextes et celle qui remonte des entrailles nauséabondes de certaines périodes de notre histoire où, de l’affaire Dreyfus à Vichy, les boucs émissaires furent légion, ils eurent nom Juifs, francs-maçons, communistes accusés de noyauter la République en étant pilotés par des puissances extérieures.
Le régime de Vichy en prêtant allégeance au régime nazi, fut sans complexe le fournisseur officiel en juif, tsiganes, asociaux, homosexuels, politiques de gauche des camps de la mort.
Drapés dans la victoire de la Résistance et forces alliées, nous nous étions crus débarrassés de ce poison.
L’arrivée dans les années 50 d’un Le Pen laissait notre peuple de marbre, malgré ses frasques algériennes, il n’inquiétait pas électoralement.
La guerre de libération du peuple algérien, la manière dont elle fut menée et conclue n’est cependant pas étrangère à l’expression d’un racisme anti-arabe latent mais qui n’atteignait pas le pouvoir politique qui utilisait ses armes pour la combattre. Les actions de l’OAS, le putsch des généraux félons soudaient notre peuple dans la détermination démocratique.
Et puis sont arrivées les années 80, on commença à tolérer la parole raciste, on décréta que le parti qui les portait avait droit de normalisation, tout ceci sur le fondement d’une gigantesque partie d’échecs qui permettait le maintien des majorités dans une parfaite alternance.
Et cette partie d’échecs a eu le résultat escompté le 21 avril 2002, le sieur Le Pen au second tour de la présidentielle. Les cris d’orfraies des militants du PS sonnaient bien mal dans une situation où depuis 1983, leur responsabilité n’est pas négligeable, d’abord par la partie d’échecs engagée, ensuite par une politique libérale ou poltronne qui va des « dénationalisations » au boycott de la première loi sur le PACS en passant par le choix de l'Europe libérale ou le scandale de la casse des PTT, ceci explique beaucoup de phénomènes de notre temps y compris l’abstention massive, ce qui ne l’excuse pas forcément.
Rendons justice cependant à plusieurs politiques dans cette triste évolution, d‘abord Jean-Luc Mélenchon qui, de là où il était à combattu fermement le parti nauséabond jusqu’à signer une demande d’interdiction non suivie d’effet pour cause de blocage de son parti d’alors et, ayons l’honnêteté de le reconnaître, le Président Chirac qui de Dreux en 1983 à la montée du sarkosisme a toujours combattu, je le crois avec sincérité, les avancées vers un rapprochement de la droite avec le FN.
Mai 2007 est arrivé…le sarkosisme triomphant avec lui et c’est parti pour la grande dégringolade, trahison du vote des Français contre le traité européen à Lisbonne, déclarations fracassantes contre les noirs, les Roms, les banlieues, ligne Buisson et rapprochements avec les idées du FN, abandon du respect historique des droits du peuple Palestinien pour soutenir Tel-Aviv . Bref pour garder le pouvoir, le PS jouait avec le Pen en pion sur l’échiquier, Sarkosi lui, joue officiellement contre le FN en popularisant les idées de ce dernier…
Mai 2012 voyait Sarkozy battu, arrivait Hollande qui commença par maintenir les décisions de Lisbonne et continua avec son ministre Valls, la stigmatisation des Roms, des banlieues etc… en y ajoutant la casse du droit du travail avec son ministre Macron et une organisation aussi méthodique que scandaleuse de la répression.
Mai 2017, une campagne de caniveau autour des affaires Fillon/Le Pen, une opération PS pour barrer la route à Mélenchon en l'ouvrant à Macron aboutissent à un record d’abstentions et au non-choix possible entre Macron et Le Pen qui aboutit à l’élection de Macron avec à peine 20% des inscrits. La constitution de la 5ème République aggravée par la bêtise du quinquennat aboutit logiquement à la majorité parlementaire « godillote » que nous connaissons.
Dès lors, nous sommes arrivés à ce point de rupture qui tient à un écœurement, une nausée qui risque de conduire à tous les dangers que confèrent toujours et dans toutes les époques l’appel au refus de l’organisation, à l’anti parlementarisme, à des vertus supposées à tout ce qui bouge.
Nous sommes dans le temps du mensonge triomphant, dans le déploiement en pleine lumière de l’acceptation des plus vils desseins, de la justice de classe illustrée par l’affaire Benalla entre autres opposée à la répression expéditive policière et judiciaire des manifestants lambda, de l’antisocial qui brise tous les acquis du CNR et des lois sociales (SNCF, statut de la Fonction Publique, Sécurité sociale, Retraites etc…), dans ce temps nauséabond du retour sur la scène de la bête immonde qui se nourrit de racisme anti juif, anti arabe, anti noir, d'homophobie meurtrière et autres horreurs.
Dans cette situation, nous n’en sortirons ni par des incantations, ni par des énergies gaspillées dans des élections sans effets, ni par la seule occupation de la rue mais bien par deux incontournables, le blocage de la production par la grève générale illimitée et sa jonction avec le programme politique structuré, porté par une force organisée qui ne peut être que le parti de masse et de classe qu’aurait pu et dû être le PG et par une personnalité capable du talent et du courage nécessaire. Jean-Luc Mélenchon est de cette trempe pour peu qu’il reprenne en mains la situation comme il sait si bien le faire avec l'apport d'une génération jeune et enthousiasmante issue du PG, en évitant la dérive social-démocrate et les jeux de pouvoir qui se font jour au sein du mouvement bien peu démocratique et maigrement organisé dit Insoumis.
Y parviendrons-nous, c’est mon rêve le plus cher en tous cas même s'il est teinté de beaucoup de doutes....
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