Parce que démolir Jean-Luc Mélenchon, ça suffit
La mode est à la chasse au Mélenchon et aux espoirs qu’en notre nom il porte.
J’ai toujours été très clair, je ne suis pas dans une secte, Jean-Luc Mélenchon n’est pas un gourou encore moins mon seul maître à penser et je n’ai jamais ni en privé ni en public, caché nos points de désaccord, tout comme j’ai toujours donné la primauté au parti qu’il a fondé, dans lequel je l’ai accompagné, tout comme j’ai regretté la place que mon parti a délaissé lors de la création de la FI en s’auto affaiblissant à cette occasion, tout comme j’ai déploré l’évolution social-démocrate de la FI progressive depuis sa mise en place lors de la convention de Lille, tout comme je regrette le sort de mes camarades Djordje, Corinne ou François et certains propos tenus à cet égard, tout comme je déplore le sort fait par la FI et pas forcément par Jean-Luc à l’éco socialisme pour lequel nous sommes tant battus au profit de revendications plus électoralistes, tout comme je n’adhère pas à l’engouement pour le mouvement dit des Gilets Jaunes même si je peux le comprendre à la place qu’il occupe.
Mais cette chasse est infâme, indigne de celles et ceux qui la profèrent.
Ainsi, selon ce qu’on entend, ce qu’on lit, JLM serait en perte de vitesse, JLM serait responsable de tous les maux d’un affaiblissement du mouvement dans lequel il n’est d’ailleurs que le Président d’un groupe parlementaire de 17 députés.
Alors, quels que soient ces fameux désaccords, soyons un peu sérieux et un peu capables de discernement.
En 1990, alors qu’au milieu de tous les combats que depuis 1968 et l’espérance portée, nous avons menés avec des centaines de camarades, alors que la désespérance de 1983 m’avait éloigné de toute force politique et surtout de ce parti dit socialiste que je considérais comme traitre à ce pourquoi il était élu, alors que je m’apprêtais, pour les mêmes raisons à quitter le syndicat auquel j’avais tant donné depuis 26 ans, alors que j’expérimentais et commençais à voir les limites du mouvement alternatif, un jeune sénateur que je ne connaissais pas sortait du lot et avec le grand courage de ceux qui comme moi se sont investis dans l’égalité des droits homos/hétéros, présentait en un temps où c’était loin d’être évident la proposition de loi « pour l’organisation de la vie commune des couples de même sexe ».
Projetant qu’un jour il y aurait conflit entre cet homme-là et ce parti-là, je me suis senti porté par son courage et l’ai suivi dans ses déclarations et ses actes. Je n’ai pas pour autant adhéré au PS même dans son courant, ceci me paraissait absolument impossible
Je me suis engagé en 2005 dans le débat pour le « Non au traité européen » qu’il portait là-encore avec grand courage et la victoire fut au rendez-vous.
Enfin vint novembre 2008, enfin Jean-Luc et l’aile gauche avaient quitté ce satané parti et naissait le Parti de Gauche.
J’y ai adhéré avec enthousiasme, j’ai applaudi, même si logiquement je n’étais pas dans la salle, « le bruit et la fureur » et commença pour moi une des deux belles aventures militantes de ma vie.
Mes camarades du Loiret me font l’honneur d’être délégué au conseil national et c’est là, qu’au-delà de l’admirable tribun, du visionnaire géopolitique, j’ai découvert l’homme Mélenchon et je ne fus vraiment pas déçu.
Jean-Luc Mélenchon est un camarade sensible, d’une culture hors du commun que j’ai encore vérifiée dans ce beau reportage récent sur LCP dans Livres et vous. C’est un homme en recherche permanente de transmission de l’expérience et du savoir et ce n’est pas par hasard mais bien grâce à Jean-Luc que le Parti de Gauche s’est révélé comme la pépinière exceptionnelle de centaines de jeunes talents brillants en analyse, en expression, maintenant en mandats électifs comme nous le voyons avec les députés Adrien Quatennens, Ugo Bernalicis ou autres et leurs assistants. C’est enfin un être social, doté d’une sensibilité à fleur de peau, qui produit certes une attitude comme celle des perquisitions que, contrairement à beaucoup, je ne considère pas comme une erreur, mais qui se révèle au quotidien dans les conseils qu’il donne, dans les situations qu’il comprend, dans les aides morales qu’il apporte.
Pour revenir sur le terrain politique, je continue à croire que JLM n’a qu’un objectif, conduire ce pays à le porter à la Présidence pour décréter la convocation de la Constituante en espérant qu’il puisse se débarrasser des « peureuses décisions » de la convention de Lille, redonner à la France sa démocratie et sa grandeur,au peule sa place et partir heureux d’une vie accomplie.
Alors oui, il y a des désaccords sur la stratégie, non je ne sais rien de l’avenir et je ne sais pas si Mélenchon sera Mendès France capable de ne pas renier l’objectif ou Mitterrand qui lui le fut tout à fait, je ne suis sûr de rien mais l’homme Mélenchon garde et gardera la confiance et l’admiration que je lui porte depuis ce soir de 1990 où, avec un ami Chilien exilé, hétéro et peu enclin à tolérer, son initiative permit une longue nuit de discussion, autour d’un rhum cubain découvert ce jour, sur les réalités des homosexuels et sur les compréhensions mutuelles que le débat incarne.
Oui je sais, comme dans notre combat nous le savons tous, rien ne nous sera épargné ni la répression, ni la médisance, ni les déclarations les plus absurdes par une presse aux ordres ni même l'altération des sentiments et des amitié. Oui je sais le poids des réseaux et l’exploitation des mots et des phrases, oui je sais la faiblesse des hommes, nos erreurs, nos doutes mais gardons une seule chose à l’esprit :
LES PROGRAMMES POLITIQUES, LES STRATEGIES DOIVENT ETRE DISCUTEES, NOUS POUVONS NOUS Y ECHARPER, SOUVENT NOUS LE DEVONS MEME MAIS EN AUCUN CAS LA VIE PERSONNELLE, LA VIE INTIME, LES IDEES PERSONNELLES DES HOMMES ET DES FEMMES QUI PORTENT LE MESSAGE NE MERITENT DE TELLES INDIGNITES ET POUR CONCLURE MERCI JEAN-LUC POUR TOUT CE QUE TU AS REDONNE COMME SENS A LA GAUCHE ET CE QUE TU NOUS A APPRIS…..