La révolte en cours…vers une révolution citoyenne ou une situation à l’italienne ?
Depuis le 17 novembre, notre peuple est en ébullition.
Partie sur la révolte contre les augmentations de taxes sur les sacro-saints carburants, la révolte évolue vers une prise de conscience d’une réalité sociale due à des années, en fait 3,5 décennies de régression du monde du travail en matière de droits conquis par 150 années de luttes ouvrières ainsi que par le mépris inauguré par le Président Sarkosy qui devait, entre autres déclarations scandaleuses, «liquider l’héritage de mai 68 », le Président Hollande auteur des lamentables lois travail et porteur à vie des répressions sanglantes sur nos camarades et du Président Macron dont les déclarations méprisantes pour le peuple sont légion sans compter les lois scélérates imposées au pas de charge par une majorité de godillots sans réflexion autre que la décision du maître des lieux.
Personne ne peut nier ce fait réel et ce ne sont pas les sondages bidon, l’organisation de la peur et les tentatives de division par un pouvoir aux abois qui peuvent l’arrêter.
Cependant, pour ma part je reste dubitatif quant aux possibilités de sortie de cette crise et je ne partage pas l’optimisme de Jean-Luc Mélenchon et des militants dits insoumis dans cette aventure.
Ce mouvement est parti sur des bases et des thèmes qui sont ceux qu’avec JLM et le parti de Gauche nous n’avons jamais défendus notamment la négation de l’utilité, de l’honnêteté, du réalisme des forces politiques et syndicales, encore moins le questionnement sur la nécessité de l’impôt, pas plus l’affirmation d’un anti-parlementarisme qui ressort au travers de points figurant au catalogue de revendications. Chaque jour apporte son lot de preuves sociologiques de la nature profonde d’une partie non négligeable des participants, déclarations homophobes, anti politique, refus de participation de militants syndicaux surtout CGT sous leurs couleurs, « livraison » de migrants à la police, orientation vers une liste dite apolitique aux européennes etc…
Alors quelle attitude avoir, quelle stratégie adopter car je le redis, personne ne peut nier que nous sommes entrés dans une révolte populaire qui prend ici ou là des tournures de la révolution que nous souhaitons? Personne de notre camp ne peut s’en désintéresser.
Les députés dits insoumis, le mouvement FI soutiennent la thèse de participer activement afin de peser de tout son poids sur une évolution vers le programme de l’Avenir en Commun copié en grande partie dans la liste des revendications à côté d’autres points beaucoup plus inquiétants. Je respecte cette position mais ne crois pas, à tort ou à raison, à la capacité du mouvement FI, son évolution des derniers mois, l’influence inéluctable des forces l’ayant rejoint malgré leur ardent soutien à la politique Valls/Hollande comme le témoigne la liste aux européennes, à orienter cette révolte vers la révolution citoyenne que nous voulons.
Le parti de Gauche quant à lui ne s’exprime plus, laissant totale carte blanche à la FI. Le PC est devenu si électoral qu’il ne renie en aucun cas ses accords avec le PS à chaque élection et ne calcule hélas qu'en nombre de sièges maintenus. La CGT forte de ses 700 000 adhérents tient compte de la réalité de la situation où rien n’est possible sans mobilisation des travailleurs en grève et sait très bien et à juste titre, résultats de son expérience historique, que ce n’est pas d’un seul appel de sa confédération que dépend le déclenchement de la grève générale et des occupations qui seraient la seule issue possible.
Les heures ou les jours qui viennent nous laissent présager une crise politique, celle-ci emportera-t-elle dans son sillage la défaite du pouvoir et de ses institutions…Je n’y crois pas, la 5ème République a été conçue pour ce genre de crise et quelle que soit sa nature, elle a les outils nécessaires, certains odieux certes pour en sortir et perdurer tant que la production et l’économie ne seront pas bloquées car elles restent la seule solution de classe pour sortir par le haut.
Une dissolution de l’Assemblée est possible mais rien ne permet de penser, au vu des paroles saisies ici ou là sur les ronds-points que le vote des électeurs, ceux qui n’ont pas déserté ce terrain, qu’elle ne conduirait pas à un vote introuvable à droite et donc à un retour des forces antisociales dont Macron n’a pas le monopole
Une démission du Président reste certes la meilleure solution, nous y sommes prêts avec notre programme et la valeur de notre candidat à la Présidence, encore faudrait-il qu’elle puisse avoir lieu. Macron n’est pas De Gaulle loin de là...si la grève sociale parvenait à s’imposer, elle est possible mais quand bien même elle aurait lieu, quel programme reste-t-il quand on voit la réalité des interprétations diverses de l'AEC.
Nous sommes donc à la croisée des chemins, quelles que soient les annonces supposées prochaines du Président Macron, quelle que soit la décision prise…saupoudrage de mesurettes sociales, « démission » du gouvernement, dissolution de l’Assemblée, se posera la question de la suite.
Hormis le cas qui semble peuvprobable d’une démission du Président qui pourrait ouvrir une autre voie avec une candidature Mélenchon pour peu qu'elle puisse se faire à l’exclusion de toute autre hypothèse du mouvement FI, que pourrions–nous attendre d’une dissolution de l’Assemblée sinon une majorité hétéroclite élue par une minorité de citoyens et nous sommes dans la situation italienne où réapparaitrait sans doute une majorité du type de celle qui gouverne de l’autre côté des Alpes ou même pire, celle d’une majorité issue de listes fomentées par les Gilets Jaunes qui refléterait leur réalité sociologique et nous amènerait à une solution type Bepe Grillot , leurs revendications proches du programme l’Avenir en Commun risquant fort de n’avoir été que la copie nécessaire à la popularité du mouvement comme, copiées, elles le furent, très mal d’ailleurs, par B.Hamon pour barrer la route à J.L. Mélenchon.
Certains lecteurs vont me trouver très pessimiste, d’autres vont très vite me qualifier de soutien objectif de Macron mais la vie militante m’a appris à me méfier, à douter du soutien rapide à tout ce qui bouge. La vie au PG m’a instruit du fait que l’essentiel est la Révolution citoyenne, pas l’élection à partir de toutes les opportunités même des meilleurs d’entre nous, la vie syndicale m’a conforté dans une certitude, c’est du monde du travail et de ses luttes que viendra la vraie révolution sociale qui ne souffre pas d’ambiguïtés et désigne l’adversaire clairement et cet adversaire c’est le capitalisme et ses serviteurs du grand patronat qui a su neutraliser les groupes de presse et organiser les lobbies nécessaires, pas l’élu du peuple, pas le service public du peuple, pas le militant syndical et nous paierons très cher le prix qu'elle n'ait pu s'imposer face aux lois anti sociales et de "détricotage" des conquis sociaux et du code du travail et là encore, il serait trop simple d'en accuser les seules directions syndicales, la situation des travailleurs, leur aliénation bien organisée par le fric, l'individualisme érigé en valeur en sont beaucoup plus responsables que le manque d'appel à une grève générale .
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