53 années d’insoumission
Insoumis je le suis depuis mon adolescence, depuis que mes lectures de Montaigne et La Boétie à Victor Hugo et Jaurès, que m’ont fait découvrir mes excellents profs de l’école républicaine, m'ont enseigné ces valeurs. Je n’ai pas besoin de cliquer sur un logiciel, de m’inscrire dans un groupe insoumis, de recevoir ce mot à toutes les sauces qui vont de « cher insoumis » aux « bises insoumises » en passant par le baptême obligé de tous les groupes qui deviennent « nuit insoumise » « télé insoumise » etc….
Mon insoumission, ce furent mon adhésion en décembre 64 et mon militantisme actif dans la CFDT de sa période révolutionnaire qui va de mai 68, du congrès dit de l'évolution en 70 à sa subordination au PS dans les années 80, mes combats pour l’égalité des droits, contre tous les racismes, contre la peine de mort, pour la dépénalisation de l’homosexualité, contre le nucléaire à Dampierre, pour le respect et les droits du peuple palestinien.
Mon insoumission alla de "l'occupation d'un bar d'Orléans qui "refusait de servir les Arabes" en nous présentant à 18 dont un camarade algérien pour commander des consommations chères et quitter le bar quand il refusa de le servir jusqu'à mon combat et ma détermination téméraire à vouloir réaliser l’adoption par un père célibataire.
Mon insoumission ce fut aussi de ne pas suivre dans leurs erreurs les forces qui dérivaient et de savoir démissionner des endroits où tout ce à quoi je croyais était perdu qu’il s’agisse du PS en 83, de la CFDT en 91 ou de certain conseil national PG triste et insultant pour certains d'entre nous.
Oh certes l’insoumission m’a conduit à des erreurs dont on apprend toujours quelque chose, celle d’avoir cru trop souvent être suivi dans mes logiques comme ces tentatives de candidature en solitaire à la mairie de Gien, comme celle d’avoir cru dans les années 80 à une pérennité des mouvements dits alternatifs ou d’avoir pensé dans les années 90 que le PCF avait changé et de tenter de l’accompagner.
Mon parcours fut jalonné de rencontres exceptionnelles de travaux en commun avec Eugène Descamps, de rencontre avec Louis Lecoin, d’universités d’été avec Edmond Maire bien avant que celui-ci ne résiste pas, hélas, à la dérive de Rocard et il y en eut beaucoup d’autres…
L’admiration et l’adhésion que je porte à Jean-Luc Mélenchon ne date pas non plus d’hier, elle est liée au relais courageux qu’il apporta aux couples homosexuels en 1989 et je ne l’ai vraiment rencontré qu’en 2010, dans le très beau parcours du Parti de Gauche et de l’honneur que m’ont fait mes camarades de m’élire au conseil national de ce parti. J’y ai découvert « en vrai » l’humaniste courageux, abordable, doté d’une culture immense, visionnaire et qu’elles que puissent être nos divergences très éventuelles sur l’avenir du Parti de Gauche et sur l’aventure dangereuse que représenterait son allégeance à la France Insoumise, il bénéficiera de tous mon soutien et de ma confiance pour très longtemps.
Je ne suis pas un insoumis institutionnalisé, le beau nom de camarade me suffit amplement, je en porte pas le phi mais les attributs de notre beau parti, l’écharpe rouge de sa création, l’œillet rouge que nous fit distribuer notre regretté camarade François au congrès de Bordeaux et le triangle rouge des déportés politiques symbole de notre combat antifasciste.
Notre parti est dans la réalité des choses, le porteur de notre projet, celui de la Révolution citoyenne, celui de la définition de la charte éco socialiste, celui qui a permis l’essentiel des programmes électoraux du candidat Mélenchon que ce soit l’Humain d’Abord ou l’Avenir en commun et formé les brillants jeunes députés brillants que nous voyons se battre avec talent à l'Assemblée nationale.
53 ans après, je reste avec joie et honneur fidèle à ce que je fus toujours, un insoumis qui tient au vocable de Camarade, qui préfère Jean Ferrat aux remix et mises en scène diverses, qui croit que toute révolution ne se fera pas par "les gens" mais par la classe exploitée représentée par ses syndicats et partis de la vraie gauche.
C’est en ce sens que jusqu’au bout, je reste fidèle au fondateur de mon parti, je reste persuadé qu’il nous faut refonder le Parti de Gauche dès le congrès de 2018, sortir de cette recherche infernale d’un ailleurs inaccessible et au bout du bout….Peu importe que je gagne ou, ce qui est plus probable vu les obstacles à franchir, que je perde, s’il n’en reste qu’un, comme l'écrivit Victor Hugo, je serai celui-là…..