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50 ans après...
4 février 2020

Jean-Luc Mélenchon et puis c’est tout….

119209150Oh il m’arrive, comme tous les hommes, toutes les femmes, libres, de critiquer, d’avoir des doutes sur la stratégie qu’il porte, de ne pas comprendre certaines attitudes comme celle de laisser son mouvement dériver parfois vers une complaisante tendance à la social-démocratie ou de réagir trop mollement quand une tête de liste du mouvement renvoie dos à dos là-bas, dans un pays dont nous tirons d’excellentes leçons, un factieux téléguidé et autoproclamé et un Président légitime élu démocratiquement. Il m’est tout à fait possible de bouillir et de l’exprimer à la vue de sa non réaction à ces listes qui renouent avec la présence ou le soutien de faux socialistes et il m’appartient de vivre intérieurement certaines tristesses au vu de certaines réactions à mon égard et de souffrir sincèrement des procès en sorcellerie qui se font à son intention.

Mais je ne suis pas, je n’ai jamais été, de ceux qui quittent les outils du combat sur une phrase non comprise, sur un désaccord partiel. Mon passé militant me le rappelle quand il m’aura fallu 4 années de conflit intérieur avant qu’une étincelle en 1991 ne consomme ma rupture avec la CFDT dans laquelle j’avais tout donné pour en faire ce que nous espérions en faire dans les années 70, le pivot central du mouvement révolutionnaire.

Alors nombre d’amis m’interrogent, me conseillent, m’intiment parfois le conseil de renier un attachement de 30 années à l’homme du courage, de la culture, au visionnaire exceptionnel, de quitter cette défense de l’homme à qui je dois ma renaissance politique en 2008 et au parti qu’il fonda sur les thèmes qui furent ceux de ma jeunesse « soixante-huitarde ».

Le temps d’une explication à cet attachement est aujourd’hui venu pour tous ces détracteurs, pour ces amis qui ne comprennent pas et pour redire ce qui fait que je reste fidèlement attaché à la stratégie qui fut celle de notre parti : la Révolution citoyenne par les urnes par une Constituante élue pour une République sociale et éco socialiste.

Oh je ne l’ai jamais caché, être candidat et qui sait, être, après l’abbé Vallet, le deuxième député constituant Giennois de l’Histoire m’a non seulement effleuré l’esprit, mais a figuré en bonne place dans nos discussion d’avant avril 2017, vite temporisé hélas par le choix de la convention FI de soumettre, en cas de victoire présidentielle, cette élection à un nouveau vote du peuple français, admettant de ce fait, que le programme du Président n’avait pas force de loi. Cette intention fut bien sûr annulée par la défaite du premier tour, dont un des éléments fut sans doute aussi ce manque de clarté sur ce problème essentiel.

Je n’ai jamais caché non plus, quelles que puissent être de petites divergences sur tel ou tel point, sur telle ou telle déclaration, sur tel ou tel positionnement que la nécessaire victoire à l’élection présidentielle se pose à partir d’un nom. La constitution monarchique de la 5ème République, aggravée par l’élection du président au suffrage universel en 62 et complètement bloquante par l’absurde décision Jospin/Chirac du quinquennat conduit à ce fait inéluctable et vouloir, comme c’est notre stratégie, qu'imposer cette victoire nécessaire au processus révolutionnaire que nous entamons exige de savoir gérer cette contradiction.

On aura beau avoir le meilleur programme et, à quelques nuances près, nous avons le meilleur des programmes, on aura beau avoir usé nos énergies et, en un certain sens, les avoir épuisées sur toutes les campagnes intermédiaires, si nous sommes dans ce processus de révolution citoyenne, il nous faut passer par cette contradiction que la meilleure chance de victoire sera celui ou celle qui déploiera les mouvements de foule les plus importants, qui saura résister clairement aux chiens de garde médiatiques, qui encaissera toutes les infamies déployées et saura répondre par sa verve, sa culture immense, sa vision géopolitique du monde à ce défi extraordinaire.

Oh certes rien n’est inutile, surtout pas l’incroyable prise de conscience collective qui s’est faite depuis 18 mois de luttes, par le formidable conflit des retraites enfin porté par les forces syndicales de combat et je n’oublie en aucun cas que cette prise de conscience est l’atout majeur pour la mobilisation populaire qui doit accompagner la victoire politique, faute de quoi, nous referions Tsipras ou autre attitude de ce genre sans que le Président isolé puisse y faire quoi que ce soit…

Alors pourquoi Jean-Luc Mélenchon et rien d‘autre ?

D’abord resituons clairement ce qui me relie à l’homme Mélenchon, ce qui implique que je lui assure une fidélité sans faille, une critique, pas forcément publique, sans concession, une résolution s’il venait à dériver, ce qui en politique reste toujours hélas une hypothèse, de me taire à jamais et de ne pas participer au club des exécuteurs.

C’était un soir de 1990, je dinais chez un ami chilien, un de ces gamins accueillis en 1974 avec les réfugiés de Chilleurs-au-Bois. Nous apprenons la proposition de loi pour "organisation de la vie commune des couples de même sexe" du jeune sénateur Mélenchon, proposition à l'époque faite avec un réel courage. Mon ami hétéro, latino peu porté sur cette problématique mais doté d’une belle intelligence et une rare tolérance ne voit pas en quoi c’est important. Nous en discutons jusqu’aux aurores autour de quelques bières. Je ne connaissais pas Jean-Luc même de nom et de ce jour je me suis intéressé à ce camarade courageux, certes PS mais critique à souhait dans son parti.

Puis est venue la convention pour une 6ème République, la loi sur le PACS à partir de son projet, loi certes d’abord boycottée par les députés PS, puis retoquée et amputée pour ne pas déplaire mais loi votée quand même…

En 2004/2005, je m’inscris naturellement dans la campagne victorieuse pour le non, largement portée par mon camarade Mélenchon qui fut une victoire avant d'être trahie par Sarkosy et vient la décision historique, celle de 2008 où, accompagné de tout un courant du PS, il quitte enfin ce parti pour fonder le Parti de Gauche et ce coup-ci je l‘y rejoins.

J’ai découvert l’homme, ce camarade dont la verve, l’analyse, la vision galvanise les groupes et les foules mais aussi et peut-être surtout, ce copain de tribune, ce militant capable de sentir l’atout de centaines de jeunes impatients, cultivés politiquement, prêts comme nous l’étions en 68 à « embaucher le sirocco » pour fermer la bouche à ce vieux monde, ce gars d’expérience intégrant nos expériences de vies et aussi ce caractère alliant les joviales parties de rigolade et les engueulades sur un mot ou une déclaration qui n’épargnent personne et encore moins sans doute, ceux qui lui sont proches. Je le sais pour avoir, avec ce que je suis et la manière dont je m’exprime, critiqué les choix du PG de s’aventurer de la manière dont il s’y est intégré dans la stratégie FI que je conteste.

Voilà pourquoi, bien loin des analyses théoriques, des fumeux développements universitaires sur Marx, Gramsci ou autres, j’aime, j’admire et je soutiens que le meilleur porteur de la stratégie de révolution citoyenne par la victoire présidentielle et la Constituante élue s’appelle Jean-Luc Mélenchon et que pour se faire, il serait salutaire qu’il s’affranchisse de la tutelle d’un mouvement qui l’éloigne de la réussite et reprenne la stratégie autour d’un parti de Gauche refondé et tourné exclusivement vers cette campagne et sa victoire à quelque moment qu’elle se produise car l’échéance de 2022 n’est sans doute pas la seule hypothèse, par les temps de crise qui courent en « macronie » ; que le peuple peut rendre exécutoire plus vite que prévu…

Il ne tient qu’à nous de sortir enfin de ce régime monarcal, de savoir qui peut nous en sortir et comment…

Après la victoire viendra le temps de l’exigence et de la mobilisation populaire nécessaire pour que tout commence enfin  mais gagner la première étape est plus que jamais à l’ordre du jour.

Ainsi va, de tous temps, la vie politique, mue par les idées qu’imposent les réalités sociales et, pour notre temps, les exigences et urgences écologiques, par les masses qui les portent et les hommes ou femmes qui les incarnent.

Nous avons cette chance dans notre siècle, d’avoir l’homme de la taille d’un homme d‘Etat, le Jaurès des temps modernes, l’homme du courage politique pour atteindre le premier objectif, ne la gâchons pas….

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Commentaires
C
J'ai quitté le PS en 1973...en raison de problèmes locaux qui me laissaient présager la dérive droitière de ce parti... J'ai rejoint le PG en 2009 attirée par ce visionnaire si exigeant en politique. La gauche n'a pas eu d'homme politique de cette valeur depuis Jaurès comme vous le dites si justement et je ne comprends pas qu'on puisse le quitter pour un désaccord sur tel ou tel point ou parce qu'on n'a pas obtenu la place souhaitée aux élections.
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50 ans après...
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