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50 ans après...
23 janvier 2020

La Révolution citoyenne et l’électoralisme…

Notr33585434_10213295834689505_3124957022760468480_ne pays est entré depuis 15 mois dans un processus rejoignant la stratégie défendue depuis 12 ans par le Parti de Gauche, fondé et brillamment représenté par Jean-Luc Mélenchon, celle de la Révolution citoyenne.

J’ai eu l’occasion de m’inquiéter de certaines positions de départ du mouvement des Gilets Jaunes, elles étaient fondées et fort heureusement, par une pratique hors pair de discussions sur les ronds-points, ces dérives se sont vite balayées, j’en suis heureux et, malgré les expériences  militantes  qui me font redouter dans tout mouvement, les dangers d’un refus de l’organisation et de structures permettant une véritable démocratie, l’erreur stratégique qui consiste à penser que les valeurs de gauche sont à rencarder au passé au profit de je ne sais quelle notion ou que les forces organisées type parti politique ou syndicat seraient contraires à une vision révolutionnaire des luttes.

Fort heureusement depuis le 5 décembre 2019, et il faut reconnaître le rôle prépondérant joué par la CGT, la mise à mal du système solidaire des retraites a permis que le combat incessant de la classe des travailleurs contre le capitalisme se retrouve enfin à la pointe du climat social qui domine notre pays .

Soyons clairs, depuis des décennies, voire des siècles, ceux qui travaillent luttent contre l’oligarchie, depuis Marx et l’analyse des forces de production, ceux qui travaillent sont dans un combat incessant contre la domination du capital, soyons également conscients que l’avancée sociale ne s’est toujours produite que par un seul effet, celui du blocage de la production dans l’entreprise ou de l’économie dans la nation et il nous faut arrêter de céder à la tentation populiste, développée par les GJ en son temps et beaucoup trop repris à mon sens, que l’ennemi serait le politique plutôt que le patronat, que le salaire ou l’indemnité des politiques serait plus grave que les profits des actionnaires, que le problème viendrait plus de tel avantage financier (parfois scandaleux et à combattre certes) que des milliards de la fraude fiscale.

Il est donc clair, et en cela je préfère l’analyse des forces révolutionnaires syndicales, en gros et trop rapidement certes, la CGT, SUD solidaires, une grande partie de la FSU et de FO et des partis politiques de la vraie gauche Parti de Gauche, NPA et la partie du PC qui n’est pas gangrénée par les alliances électoralistes de tous poils.

Le mouvement contre le projet retraites est en fait, le nier serait une faute stratégique, un mouvement qui par son ampleur, sa durée, ses slogans, ses actes, pose les bases claires d’un dépassement de la revendication de base pour accéder à cette nécessité de faire vaciller et si possible renvoyer à ses chères études le pouvoir macronien qui ne tient plus que par sa police, et pas forcément pour longtemps, en s‘affrontant sans faiblesse à son soutien de base : la haute finance donc le patronat.

Dès lors se pose le véritable débat, celui de la stratégie pour une révolution citoyenne qui ne peut se mener qu’avec quelques objectifs clairs, l’élection présidentielle, la convocation de la Constituante, la clarté sur le programme social de la victoire qui ne se fera qu’en posant clairement le choix de la sortie des traités et de l’Europe telle qu’elle est.

C’est donc sur la base de ces choix que doit s’analyser la suite des mouvements en cours.

Notre base, notre objectif depuis la création du Parti de Gauche, c’est à l’aide de pouvoirs qui nous seraient conférés par une victoire Présidentielle, d’imposer la rédaction d’une nouvelle Constitution par le décret de convocation à l’élection d’une Assemblée Constituante. Ceci doit être le cœur de campagne du candidat qu’il est souhaitable, en l’état actuel des choses de voir confier à Jean-Luc Mélenchon. Bien sûr le programme social et la sortie des traités européens fait partie des priorités.

Il ne s’agit donc pas de se disperser, à l’instar de ce que fait hélas la France Insoumise, sur toutes les élections qui se présentent ou vont se présenter dans les mois à venir et le spectacle qu’offre la préparation des municipales ne peut être de nature à nous rassurer, accords ici ou là avec des forces que nous voulions voir disparues de nos alliances, disparition ailleurs de nos organisations dans une conception appelée citoyenne, véritable tarte à la crème dans laquelle peut se noyer l’électorat. Il y a certes un équilibre à trouver entre cette aspiration citoyenne et notre programme, on en trouve quelques exemples qui paraissent intéressants comme à Châteauroux mais globalement, la stratégie FI pour ces élections apparaît comme une nébuleuse pilotée par un seul objectif électoraliste.

Oui mais me dit-on, « dans ma ville, faut virer le maire » ou encore, « la victoire nationale doit s’ancrer localement » voire « on va ici faire le laboratoire de ce que nous ferons au pouvoir » et autres bons arguments. En vérité, que chacun dans sa ville fasse ce qu’il a à faire suivant sa logique, suivant son vécu local, ses combats et ses souhaits pour sa ville est une chose, la stratégie d’une organisation dont l’objectif devrait être la révolution citoyenne est d’une toute autre nature et une  telle situation dans une élection locale ne peut que conduire, à mon sens, à l’affaiblissement de l’objectif porté nationalement.

Mais ce problème n’est pas nouveau, il est au cœur de la stratégie FI depuis octobre 2016 où le choix de notre Parti de Gauche de la Révolution citoyenne et du beau programme qu’il a porté et fait figurer dans l’AEC s’est transformé en une volonté de victoires électorales au prix de faire plaisir à l’électeur. Ainsi le cœur du programme présidentiel : la convocation de l’élection de l’Assemblée Constituante s’est mué en une consultation supplémentaire et dangereuse par référendum sur la convocation ou pas, ainsi l’on a demandé à atténuer nos drapeaux rouges et vert et l’Internationale dans nos manifestations diverses, ainsi on s’est limité à une revendication raisonnable en matière de salaire, introduisant la notion de salaire net sans parler de son alignement sur la revendication syndicale.

En fait cette participation de la FI, et ayons l’honnêteté de le reconnaître du PG d’alors,  à tous les scrutins représente une contradiction qui nous fera disparaître si nous ne voulons pas la dépasser. Les européennes de 2014 ont affaibli le parti de Gauche tout comme les municipales, départementales. Les régionales de 2015, par les alliances de second  tour qu’elles ont suscitées dans certaines régions pour le simple fait d’avoir des élus ont consacré et dangereusement aggravé la situation de notre parti que son refus de politique démocratique d’organisation n’a pu redresser.

La stratégie de la FI de février 2016 était de nature, pour peu qu’elle se limite à son objectif, à organiser une victoire sur l’objectif qui doit être le nôtre,  celle d’une victoire présidentielle pour changer les règles du jeu par la convocation à l’élection d’une assemblée constituante. Dommage, qu’elle ait choisi, par des modifications de stratégie sur la constituante et le programme social, la voie de séduction du corps électoral, délaissant la seule voie qui pouvait valider notre stratégie de révolution citoyenne, celle  du discours volontariste, du « dès mon investiture, je convoquerai l’élection d’une assemblée constituante » prononcé quelque temps auparavant par JLM, celle de dire clairement que nous opposerions avec le peuple qui nous aura élu à tous les corps constitués de l’ancien régime y compris et surtout le Conseil Constitutionnel.

Alliée à la valeur, la clairvoyance, les qualités de tribun de Jean-Luc Mélenchon, elle a néanmoins permis le recollement de 7 millions de voix sur la personne de notre candidat. Comment avons-nous capitalisé ces millions ? Comment avons-nous mobilisé sur la base de notre objectif ?

Fallait-il dès lors, alors que savons une réalité, celle que dans la Constitution de la 5ème, surtout depuis l’aberrante institution du quinquennat par Jospin/Chirac, la majorité législative est quasi-automatiquement celle du Président élu, investir sous couvert de la FI, dans des conditions discutables de validation des candidatures à plusieurs endroits, avec des accords dans certains cas pour des candidats dispensés de charte, une élection hors partis politiques et surtout hors parti de Gauche ?

Oh loin de moi, l’idée de dire que dans sa grande majorité, le groupe de députés, surtout ceux issus du PG ne font pas un travail formidable, bien au contraire et je suis le premier à les en remercier à chaque occasion qu’il s’agisse de leurs déclarations, de leurs interventions ou de leur présence remarquable partout sur le terrain des luttes. Mais à quoi sert ce travail ? Cette énergie à poser les bonnes questions, à déposer les meilleurs amendements au prix de la volontaire surdité qui leur est imposée sert-elle la seule stratégie qui est la nôtre ?

Mais le vrai problème de l’électoralisme au détriment de l’objectif réel qui est le nôtre prend tout son sens dans cette séquence actuelle des élections municipales. D’un côté nous avons une déclaration qui ressort à chaque interview « La France Insoumise ne présente pas de listes aux municipales ». Cependant la France Insoumise participe à créer  des listes avec l’argument officiel qu’elle permettrait par ce biais une prise de conscience collective, pourquoi pas en effet? …si c’était le cas…

Cependant, à part quelques exemples comme celui de Chaâteauroux cité plus haut et que je crois sincère que voyons-nous? Ici, un accord de partis avec, c’est un comble, le PS, ici et là une liste citoyenne ayant fait le boulot retoquée par un comité électoral, là-bas un accord EELV/FI, ailleurs un candidat isolé LFI qui rejoint une fausse liste citoyenne allant de la droite au PCF…Bref pour une organisation qui a banni la tambouille de ses pratiques, on peut légitimement se poser quelques questions.

La vérité de tout ça, c’est que le mouvement est dans la nasse, celle du piège électoraliste, avoir des élus à tout prix, exactement la tactique que nous reprochons, à juste titre depuis Paris 2014, au PCF.

Désolé de ce long billet, sans doute mal exprimé, je n’ai pas forcément la clarté d’analyse de certains camarades que j’admire mais il veut traduire ce ressenti, cette rigueur perdue que j’ai connue au PG au temps du courage d’élections parisiennes en 2014, au temps de notre slogan partagé à 46 % du plus jamais PS, au temps de l’espoir et de la clarté des objectifs, ceux du combat pour une seule cause : la Constituante pour une nouvelle République sociale éco socialiste, bref pour l’avènement de la Révolution citoyenne, propos si bien introduits dans un livre publié aux éditions Eric Jamet, le Temps Constituant par Henri Pena Ruiz : « Un appareil d’Etat qui a servi à la domination ne peut servir à l’émancipation sans une refonte radicale ».

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