Militant de cette gauche, celle qui allie social, sociétal et éco socialisme, faut-il céder à l’inévitable découragement ?
« Toujours militante, mais complètement découragée » dit l’admirable camarade Marie-Georges Buffet.
En militant de la vraie gauche, même et surtout si je ne suis pas au PCF, il est bien sûr des moments de questionnements et de bas-moral dans cette campagne où l’extrême-droite est portée au pinacle par un système médiatique avide de ses prestations, par une droite dont la fonction est de sauver ce système capitaliste et les privilèges qu’il lui procure y compris au prix des glissements droitiers les plus infâmes, par des forces s’intitulant de gauche qui ont tout trahi depuis 1983 et par une direction du PCF qui les rejoints pour de seules raisons alimentaires….
Dans ce marasme, ne barguignons pas, il n’est qu’une solution saine, un seul réel mais mince espoir, celui porté par Jean-Luc Mélenchon et la volonté qu’il affiche d’appliquer un programme social, sociétal basé sur ce que nous construisons ensemble depuis 14 ans au PG, la Révolution citoyenne par la Constituante.
Mais ce système est retors, cette satanée 5ème République, mais surtout ceux, tous ceux qui l’ont servie avec célérité, a prévu toutes les parades…
Ainsi en est- il de cette règle absurde et éliminatoire des 500 signatures sur laquelle butent tous les candidats qui n’ont pas la base d’élus acquise dans les jeux électoraux au prix d’alliances parfois impensables.
Parlons également de cette réforme constitutionnelle signée Jospin qui, au travers du quinquennat, sacre le nouveau roi pour 5 années avec tous les pouvoirs et institue l’élection législative concomitante avec une certitude à 80 % que l’assemblée sera ultra majoritairement de la couleur du Président élu.
Dès lors, regardons de plus près ces certitudes absolues de tous experts Facebook qui circulent sur les réseaux :
L’idée sentimentalement agréable que 1+4 font 5 et donc qu’il faut non pas, avoir la volonté populaire de sortir du système, d’assumer la rupture avec lui mais de sortir le sortant, certes porteur du gêne de tous nos maux en le remplaçant par un élu issu de la fusion de 4 ou 5 prétendants sans programme et qui feront peu ou prou la même politique, dans le cadre de la même Constitution, dans la même soumission aux diktats financiers et européens…Ceci me rappelle un temps de ma jeunesse à Orléans quand le résistant Roger Secrétain, maire certes pas de gauche, a été battu et des cris de joie de certains collègues ou camarades « on a viré Secrétain »…Oui et alors…Orléans est- il devenu socialiste pour autant ?
Le concept de sauter l’élection présidentielle en disant que tout se joue aux législatives ou de considérer que l’élection présidentielle ne serait pas celle d’un homme ou d’une femme mais celle d’un programme…Si c’était si simple…Non que cela nous plaise ou pas et je suis de ceux à qui ça ne plaît pas, l’esprit de la constitution actuelle c’est bien la rencontre d’un « homme ou d’une femme et d’un peuple » et qu’on le veuille ou pas, l’homme ou la femme élue a le maximum de pouvoirs qui lui permettent de porter avec autorité le déclenchement des réformes nécessaires. De Gaulle n’a jamais hésité à se passer des corps constitués dans certaines situations, Mitterrand ne s’est pas embarrassé de formalités en amnistiant par exemple, scandale absolu, les généraux d’Alger ou en refusant de signer les ordonnances du premier ministre Chirac.
Et ne faisons pas de fausse rigueur intellectuelle en disant que l’élection de J.L. Mélenchon est la clé qui permet d’enclencher cette rupture nécessaire pour peu qu’il le veuille et que le mouvement qui le porte ne lui permette pas d’y résister.
Or la situation présente laisse planer dans le programme de l’AEC ou dans les déclarations du candidat les plus grandes inquiétudes
Outre l’erreur dans le programme qui consiste à prévoir pour le peuple Français un referendum pour confirmer à nouveau la volonté exprimée par l’élection du Président qui porte ce choix en pierre angulaire, outre le quasi abandon de la sortie des traités européens, voici que se profile un nouveau referendum pour se gagner un accord avec ceux qui ne se privent pas dans leurs diverses tribunes de tacler notre candidat sur le nucléaire et même sur notre choix assumé de légaliser le cannabis.
Tout d’abord, il est paradoxal de crier partout « le programme avant le candidat » et d’envisager de revenir consulter sur de ses autres pierres angulaires : la sortie du nucléaire. Soyons conscients que des militants anti -nucléaire comme je le suis depuis 48 ans ne peuvent pas comprendre ce message même si, comme j’en ai toujours donné les raisons, mon vote d’avril ira de toute manière à Jean-Luc Mélenchon.
Or quelle est l’utilité d’une telle proposition ? Si l’on se situe dans cette réalité que le PCF a fait son choix et que son candidat ira à l’élection d’Avril et que les législatives ont toutes les chances d’être de la couleur du Président, ou bien notre candidat est élu et sa majorité se composera à partir de ce qui l’a élu, la représentation populaire ou bien il est battu et qu’apportera de plus un groupe parlementaire commun qui ne sera pas plus écouté que les groupes LFI et PCF actuels.
Donc ressaisissons-nous, laissons loin de nous ces fantasmes d’unité et développons notre réalité, celle d‘un candidat honnête, déterminé, d’un courage démontré entre autres qualités et organisons la nécessaire mobilisation populaire pour l’aider dans son engagement de rupture…
Tout le reste n’est que jeux politiciens qui ne nous concernent pas et dans lesquels nous-serions bien avisés de ne pas tenter d’entrer.
Je suis de ceux qui gardent intacte, je sais et j’ai souvent dit pourquoi, la confiance en Jean-Luc Mélenchon, que les situations du moment, les pressions médiatiques ne me poussent pas après tant d’années de combats, après l’espoir que m’a redonné le Parti de Gauche, à céder mi aussi à ce funeste découragement.