Parce que je suis un militant, pas un politicien…en 2022 c’est Mélenchon et personne d’autre.
Je l’ai déjà dit, je l’ai exprimé plus clairement dans un livre qui sortira peut-être…, dès mon adolescence, j’ai fait le choix de la vie militante vécue pour des causes auxquelles je crois et pour lesquelles je me suis largement investi notamment dans le syndicalisme, la lutte anti raciste, les combats pour l’égalité des droits.
La démocratie bourgeoise, les joutes électorales, la recherche d’un poste d’élu à n’importe quel prix n’ont jamais fait partie de mes aspirations, d’autant plus que cette vie militante s’est émaillée de tant et tant de désillusions, de nombreuses manifestations de victoire ridicules de mes camarades militants politiques. J'ai toujours tenu cette ligne, m^me au prix parfois de défaites électorales amères ou de propositions alléchantes refusées.
Je ne me souviens que trop bien de ces joies absurdes proférées à l’issue des municipales d’Orléans dans les années 70 « c’est nous qui avons viré Secrétain (résistant, maire d’Orléans etc…) » au profit d’un autre homme sans rapport direct avec nos aspirations de l’époque, du communiqué de victoire de la liste communiste à laquelle je participais à Gien parce que nous passions de 7 % avec 2 élus à 9% avec un seul sans parler de cette fête de mai 81 pour une victoire certes un peu prometteuse mais trahie en 2 années à peine.
Non ces combats ne sont pas les miens, mes admirations s'appellent Commune de Paris, Robespierre, Jean Moulin, le CNR, Jaurès ou Mélenchon, pas les victoires électorales de 36 ou de 81.... et c’est parce qu’il portait contre vents et marées, avec un courage exemplaire, une proposition de loi sur les droits des couples de même sexe que j’ai découvert en 1990 Jean-Luc Mélenchon, que j’ai suivi ses positions, ses combats jusqu’à la victoire du Non en mai 2005.
C’est parce que, en 2008, j’ai décelé une attitude prometteuse de ce beau parti, le Parti de Gauche, parce qu’il portait en son sein l’ensemble de mes combats depuis 68, l’égalité des droits, la révolution sociale, la volonté d’une Constituante élue pour une nouvelle République, l’écologie et l’abandon du nucléaire que j’ai, avec enthousiasme adhéré à cette forme de choix politique, celui de la Révolution citoyenne. Les années qui suivirent, la superbe campagne de 2012, le magnifique congrès de Bordeaux en 2013, la charte écosocialiste ont conforté ce choix.
Depuis 2015, notre parti est à la peine. Pour des raisons qui ne s’expriment légitimement qu’en interne, j’ai fait le choix de participer à sa nécessaire refondation, choix conforté par cette situation de ce printemps où, pour la première fois depuis cette période, en un congrès quelque peu surréaliste…une partie importante de nos militants et de membres de notre conseil national s’est enfin prononcé pour une telle alternative et nous permet d’espérer une opposition constructive et au final victorieuse d'un parti refondé, organisé, autonome, développé, révolutionnaire et écosocialiste.
Mais la situation de ce moment, particulièrement complexe, est celle de l’année électorale dans laquelle nous entrons.
Je ne commenterai aucunement cette phase présentée comme importante des régionales/départementales de cette année. Elle revient comme à chaque fois avec son cortège d’énergie déployée pour quels sièges gagnés à n’importe quel prix…Ici, accords avec les amis de M. Hamon qui dès 2012 ne se gênait pas pour déclarer « que le rôle d’un candidat PS est de barrer la route à Mélenchon », ailleurs avec les amis de M.Jadot qui déclare à tout va son amour pour l’Europe de Maastricht ou encore que « l’écologie est tout à fait compatible avec le capitalisme ». Même si j’irai voter, même si je ferai mes choix comme je l’ai toujours fait, ces scrutins ne mobiliseront ni mon enthousiasme ni mon énergie.
Car la politique, pour le militant que suis, n’a qu’une raison d’être…Utiliser les institutions de cette satanée 5ème République pour engager la seule raison d’être de mes engagements : permettre l’émergence de la Révolution citoyenne dont le premier acte est la rupture avec les institutions de la 5ème en imposant, par le seul courage du Président élu, la convocation d’un Constituante élue.
Dès lors, il ne s’agit pas de "négocier sur un coin de table" (serment d ela Porte de Versailles) quelques arrangements pour paraître consensuel avec les règles bourgeoises, il n’ s’agit pas de négocier tel ou tel accord pour un groupe parlementaire de 32 au lieu de 17, il ne s’agit pas d’adapter notre programme pour qu’il puisse être réalisable dans le cadre d’une Europe que nous combattons, il ne s’agit pas de donner un côté réaliste à nos revendications salariales, type salaire net au lieu du brut, il s’agit d’engager la révolution par le peuple, pour le peuple, avec le peuple, c’est la seule raison d’être d’un investissement dans cette élection capitale.
Dès lors quelles sont les possibilités des forces en présence ?
Une droite qui va du RN au PS où chacun joue sa partition sur le thème habituel tantôt de l’immigration ou l’identité nationale, augmentation du poids du capital, défense des intérêts du privé, abandon des politiques publiques…Une mouvance dite verte qui base l’écologie sur un capitalisme adapté sur base d’efforts individuels sans toucher aux logiques de production…Un semblant de fausse gauche préoccupée par le maintien de quelques postes avec possibilité, en espérant me tromper, d’alliances sur le même thème avec le PCF, tout ce beau monde appelant à l'alliance de la carpe et du lapin pour occuper le palais élyséen….
Et puis, il y a ce que nous avons construit avec le Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon, celui d’une victoire des forces se réclamant de la révolution citoyenne et même si, hélas, mille fois hélas, le programme de la FI comporte un certain nombre d'ambiguïtés mille fois dénoncées par votre serviteur, nous n’avons dans la logique de notre action qu’un seul candidat d’espoir, qu’un seul candidat possible Jean-Luc Mélenchon.
Pourquoi, alors qu’il est l’initiateur de ce que tu dénonces à la FI, soutiens-tu Mélenchon, me demandent certains très bons voire proches amis ?
Alors oui pourquoi ?
Je le répète, j’ai, pour l’homme de culture, pour l’homme de courage, pour l’homme de l’honnêteté politique un respect, une confiance qui ne s’est jamais, dans mon esprit, démentie.
Mais ceci n’est pas une argumentation politique suffisante. La victoire présidentielle n’est qu’un outil au service de notre cause, elle n’est en aucun cas une occupation du siège élyséen pour notre plaisir et Jean-Luc, plus peut-être que tout autre sait où il met ses pieds.
Il sait combien, à la lueur entre autres, des répressions et difficultés sud-américaines organisées par les USA, des forces capitalistes qui, ici comme ailleurs, ne négligeront aucun des moyens, y compris les plus vils pour tuer dans l’œuf toute idée révolutionnaire, et je pense qu’il sait que tout l’arsenal institutionnel, médiatique, policier sera dès le premier soir de résultat en action pour démonter la stratégie.
J’ai coutume de dire que si, nous le peuple, ne sommes pas capables de mobilisation dès le premier matin qui suit l’investiture, mobilisation dans les services, les entreprises et la rue pour imposer nos choix et soutenir le Président en ce sens, alors, même s’il n’a pas la volonté et j’ai la faiblesse de croire qu’il ne l’a pas, de céder, il sera contraint de faire au mieux du Mitterrand, au pire du Rocard ou du Tsipras.
Alors oui, certes, JLM a, comme tout humain et ça reste louable de rester humain, son caractère, ses mots parfois durs même avec ses soutiens les plus fidèles, ses déclarations et ses colères…
De grâce ne tombons pas dans ce piège de juger l’homme sur ces traits et regardons la réalité. Avec vigilance, nous n’avons aucun autre choix, aucune autre voie d’espoir que celle de porter Jean-Luc Mélenchon pour que la Révolution Citoyenne s’enclenche au travers de la prise du pouvoir par cette voie et que la victoire porte notre peuple à s’y engouffrer.