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50 ans après...
9 mars 2021

9 mars 2021-Jour de deuil en pays Giennois

 

Mardi de l'Histoire

En ce deuxième mardi de carême, devait se tenir à Gien, comme c’est depuis 1441 ans (moins une interruption de 16 ans sur laquelle je reviendrai), l’élément capital de notre patrimoine local et le vecteur important de notre année commerciale,  la foire des Cours.

Elle n’aura pas lieu, non pas à cause de la crise sanitaire, ce qui aurait été compris (encore que la COVID, très maligne en somme, ne s’attaquera aucunement aux coureurs fortunés du nouveau dieu  de notre temps équipé de bicyclettes de compétition  et à ses adeptes qui vont animer notre ville en lieu et place de cette manifestation historique s’il en est) mais à cause d’une décision sous pression.

Je ne reviens pas sur l’histoire de cette foire, abondamment développée et qu’on retrouve rapidement résumée dans l’illustration jointe.

Non, il m’a semblé plus judicieux de reprendre les fausses raisons qui conduisent une nouvelle fois à son assassinat et sur ce qui pouvait, si nous l’avions voulu procéder de sa renaissance, de son adaptation à notre temps, de son maintien en vecteur essentiel de développement commercial de notre cité qui en a  bien besoin, car c’est bien de foire commerciale qu’il s’agit et en aucun cas d’ »ancestrale fête agricole », alias comice bis, comme se plaît à le répéter un quotidien local qui aurait pu explorer plus avant cette affaire, j’étais à son service si besoin mais …

Pourquoi en sommes-nous arrivés à cette situation ?

1998, par un jour de mauvais temps qui affecta notre foire comme tant de fois dans son histoire, le lobby agricole local pousse la municipalité de l’époque à en finir avec ce mardi de foire.

 Cette journée où du pont à la faïencerie, de la crèche Dezarnaulds au carrefour du Puy de Dôme, les étals des marchands de tous genres, les éleveurs et paysans venus  de Berry, Bourgogne, Puisaye, Gâtinais en ce carrefour éternel des provinces, couvraient les rues de leurs produits et productions, où des milliers d’acheteurs faisaient leurs emplettes, où les enfants et leurs parents libérés quelques heures pour l’occasion,  découvraient les produits de la ferme, les animaux, les productions des commerces et usines de Gien lançait de manière très fructueuse le commerce de la cité.

Il fut donc décidé que notre foire commerciale devenait manifestation historico-folklorique du dimanche matin avec quelques vaches, chevaux et autres animaux pour que les enfants admirent la vie campagnarde. De là vient sans doute le vocable d’ »ancestrale fête agricole » et pour l’occasion le comité d’organisation de la foire, composé de toutes pièces par la municipalité devient « l’association de la foire des Cours »

Ceci devait donc durer pendant 16 années.

En 2014, une nouvelle majorité conquiert la mairie. Courageusement, face  à l «association » le nouveau maire de Gien et son équipe décide de rendre à la foire son statut historique et invite la foire à la date que l’histoire lui a conféré : le deuxième mardi de carême. Ce fut dès la première année en 2015, un réel et incontestable succès même si malheureusement,, il ne fut pas possible d’engager une réflexion nécessaire sur l’adaptation à notre temps de cet évènement commercial d’importance et si la place des commerçants sédentaires et des industriels ne fut ni réussie ni encouragée.

Mais les tenants de l’annulation de ce mardi, ceux de 1998, n’avaient pas désarmé et dans la perspective des élections municipales 2020, la pression se fit très forte sur les candidats pour l’annulation pure et simple des décisions de 2014…

Ceci marcha si bien que, hormis le maire sortant bien sûr, les deux autres têtes de liste inscrivirent dans leur programme le retour au folklore du dimanche et l’annulation de ce mardi. Dire qu’il fallait se mettre autour d’une table, réfléchir avec tous les acteurs (commerçants sédentaires ou pas, industriels, services, associations) à en faire un évènement commercial d‘importance s’est révélé tout simplement impossible, se limitant à des éléments éculés comme impossibilité de libérer les écoliers, collégiens, lycéens quelques heures (l’inspection académique ne le souhaitant pas paraît- il), de la difficulté d'organisation, du refus des entreprises de libérer du personnel ce que d’ailleurs personne ne demandait mais de réflexion approfondie que nenni !!!! Notons ici que pour ce fameux Paris Nice d’aujourd’hui, certains services ou commerces sont amenés à ne pas travailler, les écoles sans doute perturbées par les difficultés d’accès, les travailleurs qui poseront certainement des RTT pour voir la course, des services municipaux mobilisés pour une organisation de haut niveau mais bien sûr tout cela est bien plus simple que d’organiser une foire enc entre ville !!!!

TOUT AU LONG DE SA LONGUE HISTOIRE NOTRE FOIRE S’EST ADAPTEE, UNE REFLEXION ETAIT ET RESTE NECESSAIRE SUR LA SITUATION DE NOTRE EPOQUE ET, OUTRE L’ASPECT PATRIMONIAL LA SUPPRESSION EST LA PLUS MAUVAISE,  LA PLUS ANTI-COMMERCIALE QUI SOIT.

Il y avait d’autres solutions

Bien sûr, comme tout au long de son histoire, notre foire devait s’adapter aux réalités commerciales de ce temps. La fixation des cours du tan s’est effacée devant la vente des produits manufacturés comme les bonnets des Chennevières, le commerce de la marine de Loire , le sel a cédé la place aux produits de la faîencerie qui à son tour cédé de la place à l’arrivée de l’automobile puis des produits électro-ménagers.

Une grande concertation, comme, reconnaissons-le, la nouvelle municipalité sait le faire et en a la volonté, aurait dû précéder une telle décision, il était indispensable de mettre autour d’une table :

-les représentants des commerçants et artisans sédentaires et non-sédentaires pour inscrire la foire dans un évènement commercial d’importance

-les représentants de l’industrie pour valorisation de leurs productions et l’étude de promotions de vente-foire. Qui peut valablement dire que Shisheido, OTIS, Pierre Fabre et autres n'ont aucun produità valoriser ou à vendre, aucune technologie à présenter dans une grande foire

-le monde associatif pour mise en valeur des activités

-les services pour les adaptations nécessaires

Etc…Etc…

En lieu et place de cette réelle opportunité, on a préféré jouer petit, reculer sur une manifestation capitale pour notre histoire, notre région, notre commerce, céder à la pression tenace d’un milieu agricole qui a, certes, comme tous les acteurs, ses problèmes et ses contraintes, mais n’est pas de toutes façons, en notre temps, l’élément dominant d’une grande foire commerciale.

On pourrait se contenter de dire c’est dommage ou, comme un précédent maire de Gien, évoquer « une nostalgie d’un passé révolu ».

Pour ma part, je ne m’y résoudrai pas, certain comme je le suis que notre ville mérite mieux que de jouer petit, que l’annulation de ce patrimoine qui rejoint tant d’abandons patrimoniaux comme les puits de Gien en leur temps, la grange Bourgoin, la crèche Dezarnaulds, la chapelle Saint- Lazare, la non-préemption du château d’Arrabloy et tant d’autres témoins d’un riche passé sur l'autel du modernisme ou d'un prétendu progrès.

Oui ce 9 mars 2021 est bien un triste jour de deuil. Que chacun où qu’il se trouve, qu’il apprécie ou pas l’évènement qui meuble cette journée ait, au minimum une pensée pour feue la foire des Cours.

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50 ans après...
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