Ce que cette crise sanitaire m’aura appris
Comme tous les évènements d’importance vécus, cette crise est porteuse de leçons et d’apprentissages. A l’instar, je crois de Nelson Mandela, je dirais que: « je ne perds jamais, j’apprends ».
Je dois à mai 68, la révélation d’un mouvement populaire, de ce qu’il porte de victoires comme de désillusions, aux années 70, tout à la fois la connaissance du marxisme, la réalité souvent inquiétante du progrès et de la croissance sans limites et la nuisance de certaines technologies comme le nucléaire, les années 80 les désillusions, leurs conséquences, la fausse gauche et la limite des mouvements dits alternatifs et les années 2000/2010 la puissance des idées qui refont surface, l’éternel remise en scène des résistants à l’oppression, à la misère avec l’espérance comme épée et les sempiternelles fausses solutions, celles de l’impasse du capitalisme aménagé ou pas, celle des limites sur les meilleurs d’entre nous de l’électoralisme supplantant la stratégie, celle du mouvement improbable croyant le temps des forces organisées révolues…
Cette crise sanitaire comme les autres crises, m’aura apporté son lot de questionnements, de recherche, de temps d’analyse.
Bien sûr, ce temps forcé de confinement favorise ce type de réflexion, d’introspection ou d’analyse. Je n’aborderai pas ici ce qu’il m’apporta à titre personnel. Sauf à dire le bonheur qu’il y a à le vivre en maison avec petit terrain, sans oublier de penser à ceux qui durent supporter les difficiles conditions d’un studio ou petit appartement parfois avec enfants, le reste est du domaine de l’intimité qui ne concerne que ma famille et quelques amis très proches.
Non c’est de politique, de vie sociale et sociétale, auquel ce blog reste fidèle, qu’il s’agit ici et cette période est riche des enseignements qu’il nous faudrait intégrer dans nos combats et même si je ne suis pas forcément optimiste sur leur devenir, même si je crains beaucoup que le monde d’après soit semblable, voire pire que celui d’avant, la vie militante doit être faite d’optimisme et d’espoir.
Cette crise est d’abord et avant tout révélatrice de la justesse des analyses et des constats que nous devons aux travaux de notre Parti de Gauche qu’il s’agisse de la nécessité d’une autre République, de l’exigence d’un nouveau contrat social et peut-être surtout de la charte pour l’Ecosocialisme.
Dès le début de cette affaire, la « majorité » issue de 2017 a montré son véritable visage. D’abord, elle a nié l’ampleur du danger, puis contrainte de se rendre à l’évidence le Président monarque a convoqué en urgence et un samedi pour bien montrer l’importance du fait, un conseil des ministres. Empêtré dans une Enième et inutile réforme des retraites, ce conseil majeur devait sacrifier l’affaire du corona virus pour faire voter par sa majorité de « godillots », le recours à l’article 49-3…Bon voilà une affaire qu’il croyait réglée mais celle-ci n’empêcha pas le virus de circuler et de se répandre…Il fallut donc se résoudre à mettre ce texte sous le boisseau et passer à l’action contre la pandémie…
Le confinement général fut donc décidé et s’appliqua dès le 17 mars…mesure nécessaire, bien acceptée et globalement bien respectée.
C’est sous l’angle de l’organisation sociale qu’il convient de regarder tout ceci et de détecter les réalités historiques d’une situation, les positionnements qu’elle implique, les choix d’avenir bien cachés mais réels qui en sont la marque de fabrique.
La réalité historique apparaît d’abord avec l’affaire des masques, des tests, du système hospitalier.
Ainsi se révèle au grand jour la réalité de notre système de santé, la justesse des luttes des hospitaliers pour l’avenir de leur métier et de ce qu’elle ne peut plus apporter à la collectivité, la destruction sur 10 années environ (et plus si l’on y regarde de plus près) de tout un système reconnu comme l’un des meilleurs du monde et, en toute hypocrisie, les porteurs de cette situation encouragent les populations à applaudir nos soignants tous les soirs à 20 h, reconnaissance appréciable et méritée certes mais si aléatoire au regard du peu de soutien à leurs combats antérieurs…
Se démontre également dans la gestion de cette crise, la conséquence de la casse organisée, elle aussi, depuis tant d’années de notre capacité de production, de la fermeture de nos usines qui produisaient des masques ou autres accessoires indispensables et la volonté de la droite en général et de cette majorité en particulier de ne pas y remédier même temporairement par la réouverture ou la nationalisation de ces unités de production, choix criminels s’il en est…
Une autre révélation, celle des choix de chaînes commerciales
Certes ce n’est pas d’aujourd’hui que le système capitaliste a fait le choix de s’attaquer aux chaînes commerciales et de mettre en place avec de fallacieux arguments de grands trusts commerciaux évoluant au fil du temps en la concentration de 4 ou 5 grands propriétaires ou actionnaires de haut vol.
Ceci a pour conséquence depuis environ 5 décennies d’avoir vidé nos centres- ville de toute vie collective et d’avoir organisé une chaîne agro-alimentaire autour de la mort de milliers de petites exploitations paysannes. Ceci lui fut très facile autour du faux argument de bas-prix, de côtés dits pratiques, de facilités accordées par les mairies alléchées par les aménagements promis et de volonté du tout automobile à grands renforts de parkings gratuits.
Mais tout ceci ne demandait qu’à être conforté dans cette crise et notre gouvernement s’y est employé avec célérité… en interdisant dans un premier temps les marchés qualifiés de porteurs dangereux du virus tandis que circulaient librement et, au début tout au moins, sans précaution des milliers d’acheteurs en grande surface… en laissant se développer l’achat de produits impossibles à trouver en raison de la fermeture des commerces de proximité type librairies, bricolage etc…
Si seulement dans cette affaire, une prise de conscience se faisait chez tous ces artisans, commerçants, paysans que leur situation est proche de celle de millions de salariés et que leur inclination historique à la droite ne sert aucun de leurs intérêts bien au contraire mais ça…
Une réelle utilisation liberticide
Je ne suis pas adepte des théories du complot, contrairement à ce que certains peuvent penser, je ne vois pas le mal partout ni l’occasion de râler sur tout et sur rien. Mais, me limitant aux faits constatés, force est d’admettre que, au travers, de cette crise, une réelle volonté de ce gouvernement est de faire entrer dans les têtes et dans les textes, un certain nombre de décisions dangereuses pour nos libertés fondamentales.
Ainsi se mettent en place un certain nombre de droits, échappant aux décisions judiciaires, ouverts aux forces de police, à certains catégories dont ce n’est en aucun cas la vocation, des encouragements à certaines formes de délation ou des outils numériques permettant de suivre chacune et chacun dans les lieux et actes de sa vie.
Parallèlement à ceci reviennent comme en d’autres temps les arguments du type rassurant « je n’ai rien à me reprocher donc je ne risque rien » "je dénonce pour l'intérêt général", c'étaient aussi les arguments d'un autre temps et m^me certains porteurs d'étoiles s'y étaient laissé prendre n'ayant effectivement rien à se reprocher…
Sachons simplement nous souvenir que ce qui est temporaire a toujours fini par devenir inscrit dans la loi et que tout droit rogné sur la liberté individuelle est par nature dangereux…
Souvenons-nous toujours de ce slogan répété à l’envi : « pour votre sécurité, vous n’aurez plus de libertés »
Une volonté d’en profiter pour casser le social
S’il en était besoin, n’oublions pas de nous souvenir également, combien de droits sociaux sont remis en cause sous couvert de remise en ordre de l’économie, en réalité pour satisfaire les desiderata du MEDEF…35 heures, droits à congés, utilisation abusive de RTT t sans doute demain remise en cause de la Sécu etc…
Une révélation de la justesse de notre choix écosocialiste
La situation de la planète, l’évolution des constats en quelques semaines de non production et de non circulation montre clairement la liaison entre la vie telle que nous l’impose le système capitaliste et l’évolution du climat, des crises sanitaires, de la vie ou disparition des espèces et intimement liée à ce système et qu’il ne peut y avoir de « capitalisme vert ». Ceci rend définitivement caduque toute conception de l’écologie « qui serait compatible avec le capitalisme » et redonne à nos engagements écosocialistes la force qu’ils méritent pour s’imposer dans le peloton de tête de l’écologie politique.
Un homme d’Etat confirmé
Les hommes et femmes politiques qui se sont révélés dans cette crise sont bien peu nombreux hormis quelques arrivistes avides de retour aux affaires, les uns du type Hulot ou Sarkosy prêts à conseiller le prince-président, les autres type Montebourg aux aguets du créneau qui ferait oublier leur triste soutien au gouvernement Hollande.
Mais deux groupes parlementaires n’ont pas failli dans cette période, le groupe dit Insoumis et le groupe dit GDR et un homme, un seul peut-être, est apparu comme un homme d’Etat, comme l’homme de la situation, soyons heureux qu’il soit des nôtres et que Jean-Luc Mélenchon porte tous nos espoirs pour les mois ou les années à venir. Nous le savions mais étions peu suivis sur ce terrain, espérons qu'un aspect de cette période permette de modifier cette donne.
Avenir ?
Que sortira-t-il de tous ceci quand cette affaire sera derrière nous, ce qui peut encore être assez lointain ? Nul ne le sait…mais ce qui est sûr c’est que nous pouvons nous attendre au meilleur…ou au pire.
Ce Président et ce gouvernement sortent fragilisés par leurs erreurs voire leur incompétence à gérer la situation, cette majorité éclatera probablement en renforçant la droite, voire l’extrême droite.
Ce qui arrivera dépend de nous toutes et tous, de notre capacité à nous mobiliser, de notre volonté à ne pas attendre l’arme au pied une échéance électorale à venir qu’il s’agisse d’une législative ou d’une Présidentielle anticipées ou pas mais bien à savoir clairement reprendre et amplifier les combats là où nous les avons laissés.
Les indicateurs sont au vert, sachons les utiliser pour qu’enfin revienne le temps du bonheur et des jours heureux.