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50 ans après...
15 décembre 2019

De la grève…

                                                                                                                                                                                

70478247_10157740325931057_296663926689497088_nL’histoire sociale de l'humanité n’est rien d‘autre que l’histoire de la lutte des classes.

La manière dont est présentée quotidiennement dans nos médias, dans leurs fameux micro trottoirs où quelques citoyens lambda pleurent sur leurs difficultés du moment ainsi que dans la propagande gouvernementale doivent être l’occasion de rappeler à chacune et à chacun ce qu’est la grève et comment elle s’inscrit légitimement, tout comme le syndicalisme dans la grande histoire des luttes contre le capitalisme.

De tous temps, des esclaves de Spartacus aux grandes grèves de notre époque, des jacqueries du Moyen-âge aux sardinières de Bretagne, la définition de la grève tient en peu de mots :

L’ORGANISATION D’UN RAPPORT DE FORCE DESTINE A CHANGER RADICALEMENT LES RAPPORTS DE PRODUCTION ET PAS VOIE DE CONSÉQUENCE A EN FINIR AVEC LE SYSTÈME QUI LES PORTE : LE CAPITALISME.

Elle n'est issue d'aucune autre règle que celle-ci. Tout ce qui fut organisé, réglementé ne l’a été que soit comme résultat de son action, soit comme pression ou répression de cette même action permanente des exploités, spoliés et victimes sociales de toutes sortes.

Les résultats positifs pour le salariat de l’action de grève sont légion, il est inutile de les citer tous, ils sont connus même de celles et ceux qui les réfutent, prenons en seulement quelques marquants :

En premier lieu le droit de coalition, le droit d’organisation qui donna lieu à la nécessaire naissance des syndicats sans lesquels, les luttes ouvrières n’auraient en aucun cas abouti par le processus logique d’obliger le patronat et les gouvernements à négocier.

Bien sûr, chacun connaît l’immense bénéfice des grèves en matière de salaire, de congés payés, de multiples avantages sociaux gagnés entreprise par entreprise, branche par branche ou bien évidemment pour l’ensemble de la société type juin 36 ou mai 68.

Mais logiquement le système se défend et cette défense va de la récupération à la répression, en passant par l’arsenal idéologique d’opposition des exploités entre eux.

La récupération des acquis est une obsession depuis la nuit des temps du système, des pouvoirs et mentalités bourgeoises qui le soutiennent.

Ainsi lors de chaque conquis, la propagande se déchaîne sur le thème invariable de la mise en danger de l’économie, sur la faillite inéluctable de l’entreprise et le chômage qui en découlerait. Pendant des décennies, gouvernements de droite, y compris bien sûr ceux du PS ou des coalitions autour de lui, vont s’échiner à revenir sur ces choix, c’est le cas des conquis congés payés, des systèmes de retraite ou de sécurité sociale comme des 35 heures, du SMIC comme du petit avantage gagné ici ou là.

Les droits sociaux en général s’inscrivent dans le même processus, les droits syndicaux par exemple, gagnés de lutte en lutte se récupèrent par la notion substituée de partenaires sociaux en oubliant qu’ils sont d’abord  des syndicats, représentants naturels et légitimes des travailleurs. Cette notion de partenaires sociaux est finalement très pratique, il est possible de les diviser, il est facile surtout avec un système médiatique plus en recherche de scoop que d’analyse, de les marginaliser en faisant de ceux qui résistent les empêcheurs de tourner en rond et il grave de réussir à imposer aux syndicats, au nom du refus de « la politique de la chaise vide », des négociations sans pression oubliant ce beau précepte énoncé par Henri Krasucki qu’un « recul social ne se négocie pas mais qu’il se combat ».

Cette attitude gouvernementale a aussi un côté voulu, celui de séparer les organisations syndicales du monde ouvrier comme d’ailleurs celui du monde politique avec les électeurs  au prix d’un développement inorganisé des conflits menant à la répression féroce que nous connaissons et de l’abstention record avec les conséquences que l’on connaît, celles de la montée fascisante.

De la même manière, les restrictions au droit de grève, se sont faites légalement jour, de la loi gaulliste des années 60 instituant le préavis dans les services publics aux lois sarkosistes de déclaration préalable dans les transports. Elles se sont faites par les lois des réquisitions et suis assez vieux pour me souvenir de mon père caché en 1953 contre la réquisition des postiers en grève face aux décrets mettant en cause déjà le système de retraites ou d’autres utilisations de ces lois.

Et comment tairais-je l’attitude du PS après la victoire de 1981, nous expliquant, à nous syndicalistes, que la gauche étant désormais au pouvoir, il convenait de modérer nos ardeurs, d'oublier nos utopies comme 'la chanté Ferrat, en matière de grèves et de revendications pour «  ne pas compromettre « l’espérance en cours » alors que c’est tout le contraire qu’il fallait faire.

Tout cela pour dire que ce matraquage en cours sur les fêtes de Noël qui seraient compromises par l’action de nos vilains grévistes fait partie de ce processus permanent et que rien ne serait plus grave que d’y céder. Il est urgent de rappeler que la grève est d’abord et avant tout une volonté collective de combat, que les directions syndicales ne sont qu’au service de la lutte des travailleurs et que jamais, ils ne peuvent déclencher une grève si celle-ci n’est pas le fait des travailleurs, qu’ils ne peuvent non plus décider d’arrêter un conflit quand celui-ci est porté par la volonté populaire, Séguy et la CGT l’ont bien compris un soir de mai 68 à Billancourt.

Ils peuvent donc appeler à la sagesse, faire des demandes pressantes comme si les syndicats étaient un service public à leur botte, essayer de diviser avec de soi-disant des familles déchirées aux gueuletons de Noël, expliquer un faux déficit des caisses de retraite, les médias peuvent bien continuer à distiller leurs analyses à 10 balles sur les conséquences économiques, organiser leurs micro-trottoirs à la noix,  et faire croire que ce sont les grévistes et non la scandaleuse attitude répressive du gouvernement Philippe qui mettraient disent-ils la France au bord de la guerre civile,

ils n’empêcheront pas une évidence, celle que la grève et la manifestation sont, depuis la nuit des temps, la seule et unique arme que possèdent les exploités du système, le seul outil que possèdent les peuples pour se libérer y compris et surtout si par bonheur, nous réussissions à porter celui de notre camp d’espérance à la victoire de la prochaine présidentielle.

 

 

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