10 octobre 2019
Un long et beau combat finalement victorieux L'alignement de platanes des quais de Gien—abattage reconnu illégal
Ce jour 10 octobre, à deux jours du triste anniversaire du massacre du quai Lenoir sous protection gendarmerie armée, le Tribunal administratif d’Orléans vient d’annuler l’arrêté municipal d’abattage du quai Joffre, reconnaissant donc de fait l’illégalité des abattages sur les deux quais.
Il nous faut cependant rester vigilants, imposer que les quelques arbres malades sur Joffre soient remplacés par des platanes et dire et redire que si cohérence il y avait, mais ce sera plus difficile à gagner, le quai Lenoir doit être replanté en platanes.
Mais quelle belle victoire et en cette belle journée, me reviennent en mémoire toutes les étapes de ce superbe combat.
📷C’est par une présentation en avril 2016 dans le Journal de Gien d’un projet cœur de ville, par ailleurs nécessaire et que les plans de départ présentaient objectivement comme très beau, avant que ça ne dévie vers un désert commercial et touristique, que nous apprenons l’abattage des platanes des quais.
Dès la parution, je réagis par la même voie de presse contre cette absurdité et je remercie la presse locale d’avoir répondu à cet appel. Les platanes de Gien font partie de son patrimoine, ils sont les témoins de 190 ans de notre histoire, de deux conflits importants dont la bataille de Gien de juin 1940 et peuvent parfaitement s’intégrer dans le projet cœur de ville.
📷Comme hélas bien souvent, les Giennois restent indifférents à cet appel à l’exception d’un Giennois amoureux comme je le suis de cette ville et de son fleuve qui me contacte, qui intervient dans la presse à son tour, contacte la société historique dont l’une des missions est la défense du patrimoine et s’y voit éconduire au nom des arguments de la mairie…
Vient une longue période de non réaction et c’est finalement en septembre 2017 qu’un Giennois que je ne remercierai jamais assez, Mickael, entame avec courage, une action en marge de la fête des associations sous le slogan « Sauvons les platanes »
Les manifestations, auxquelles malheureusement un traitement opératoire et chimio m’empêche de participer autant que je le voudrais, se développent place Leclerc, place De Gaulle, quai Lenoir….
📷Vient ce jour sinistre du 12 octobre. Un ami, Antoine, me prévient à 7 heures qu’une opération d’envergure se déroule quai Lenoir : le maire, le sous-préfet, accompagnés de gendarmes en armes ont commencé le chantier d’abattage. Malgré le traitement chimio du jour, je m’y rends dans la journée et je vis ces images cauchemardesques de la destruction d’un alignement que Alain Baraton qualifiera quelques temps après « d’alignement à couper le souffle ».
Un cri me gonfle la poitrine et je sais qu’il était en communion avec tant d’autres : » Nous replanterons des platanes et ils n’auront pas le quai Joffre ».
Dès lors un groupe « Sauvons les Platanes » se met en place, crée sa page Facebook, se donne une coordonnatrice, Pascale, qui fera un travail formidable de motivation, de construction du combat.
De ce jour, rien n’aura été épargné à notre groupe: accusations de rouler pour « les privilégiés de la rue Louis Blanc », de combat au service d’ambitions électorales pour 2020 et autres fantaisies. Les qualificatifs qui nous sont attribués vont de « combats d’imbéciles » à irréalistes et un petit groupe de serviles y va de son couplet sur les arguments de la mairie, arbres malades, racines qui feraient tomber tout le monde, arbres creux, arbres qui cachent les façades, on est même allé jusqu’aux platanes masquant le château….
Peu importe, notre groupe fonctionne. La sympathie de nombreux Giennois nous est témoignée, nous organisons des rencontres hebdomadaires sous nos platanes, lançons une opération parrainages et des centaines de Giennois de vie ou de cœur y souscrivent, plus impressionnant encore des dizaines de personnalités de haut rang se déclarent parrains.
La reconnaissance nationale vient à son tour au travers de colloques, de manifestations et récompenses d’associations d’arbres, d’un colloque à l’Assemblée nationale, d’affichages de notre alignement par exemple à la gare de Paris-Lyon etc…
Vient le temps de l’action judiciaire. Après étude, le groupe utilise l’article L350-3 du code de l’environnement qui prévoit, sauf 3 cas très précis, qu’il est interdit de toucher à un alignement d’arbres et c’est le début d’un long processus devant le tribunal administratif.
Constatant qu’une opération similaire à celle du quai Lenoir se prépare pour le quai Joffre, le groupe intervient auprès du tribunal en référé, lequel prononce un arrêté suspensif. Faisant appel en Conseil d‘Etat, le maire de Gien se voit opposé un refus de ce dernier.
Restait à attendre le jugement sur le fond, celui-ci est arrivé ce jour pour notre plus grand bonheur, l'arrêté d'abattage était illégal et si, comme il l’a dit, le maire de Gien ne fait pas appel, nos arbres sont sauvés; reste à veiller à ce que les quelques- uns qui sont malades soient remplacés par la même essence et, au moins de dire et redire que l’illégalité vaut pour tous y compris quai Lenoir qui devrait à ce titre être remis en l’état avec des platanes.
Que penser de tout ça :
D’abord qu’une fois de plus, contrairement à l’indifférence relative qui nous accompagna, il faut toujours, sans faiblir se battre contre les décisions que nous n’acceptons pas.
Ensuite que toute cette affaire, ce gâchis du quai Lenoir et ces années de procédure auraient facilement pu être évitées pour peu que nos élus acceptent que leur projet puisse être amendé et qu’en démocratie, se mettre autour d’une table pour trouver des solutions aux désaccords, peut aussi être une formule intelligible.
Mais bon, pour ce temps, savourons notre victoire et samedi à 15 heures nous commémorerons, là où le combat a vraiment commencé, sur la place Leclerc la triste journée du 12 octobre 2017 et redirons une fois de plus qu'il n'y a pas de petits combats et que seule la lutte paie.
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