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50 ans après...
17 novembre 2018

La perversité des idées bien plus dangereuse que les partis d’extrême droite, idiots utiles des grands se partageant le pouvoir…

crédit photo Sébastien RoussetteBon la journée « gilets jaunes » se termine, comme prévu les media ont fait une couverture exceptionnelle, bien loin des minorations ou de  l'ignorance volontaire des conflits sociaux, des manifestations de 120 000 personnes réduites médiatiquement à 7 000 ou des violences organisées imputées aux manifestants…

Même si je considère la colère populaire comme tout à fait légitime, je n’ai pas participé à cette journée et ai expliqué pourquoi, en ayant reçu mon lot habituel de critiques et certaines injures du type « troll au service de Macron ». Certaines venaient de camarades un temps côtoyés dans la belle aventure de l’espoir qu’était le PG. Peu importe, la vie militante et l’honnêteté intellectuelle à laquelle j'ai toujours été fidèle au prix des réussites électorales d'ailleurs, m’ont si bien habitué, sauf avec quelques amis tristement perdus,  depuis si longtemps, à ce genre de choses, que j’y survivrai.

Je n’ai pas participé à ce truc pour plusieurs raisons :

D’abord pour l’essentiel, l’éco socialisme, cette belle charte élaborée par le PG, reprise dans le programme 2017 du candidat Mélenchon qui pose le problème du carburant autrement que pour son prix. En effet dans cette affaire, le problème n’est pas le prix du carburant, c’est le carburant lui-même. Le choix que nous avions fait, celui que je prends en tous cas à mon compte, c’est bien la volonté de sortir des énergies carbonées et d’organiser la vie pour que désormais nous ne prenions plus à la planète plus qu’elle ne peut donner.

Sortir de l’énergie carbonée, c’est organiser le territoire pour que la voiture ne soit pas indispensable à la base de la vie, pour que l’école, la poste, le médecin, l’alimentation et les produits de nécessité  soient remise au centre du village en lieu et place des trusts capitalistes de la grande distribution, des maisons médicales en périphérie, des postes et des écoles disparaissant obligeant à la voiture , c’est concevoir la production pour éviter les approvisionnements coûteux en transports, sortir de la stratégie du «  juste à temps » et permettre sans sanction fiscale les stocks au plus près du lieu de vente, concevoir le déplacement nécessaire en transport en commun notamment ferroviaire, c’est mettre en place le vrai circuit court du paysan au consommateur par les formules de proximité, c'est bien sûr aussi taxer comme cela se doit les vrais pollueurs que sont le kérosène ou les gigantesques cargos et autres bateaux de croisière.

Je ne sais pas si «notre camp» devait se joindre à ce mouvement. Sauf chez les inconditionnels qui suivent sans réflexion et répondent parfois avec sectarisme, les avis diffèrent sur ce point et tous les arguments sont respectables. Mais s'il devait participer, j’aurais trouvé judicieux qu’au moins on y aille en développant ces points plutôt que cette tarte à la crème du « tous contre Macron » qui sert désormais de stratégie en lieu et place de la Révolution citoyenne que nous préparions au PG et j’aurais aimé que le discours du politique que j’admire et soutien, Jean-Luc Mélenchon, outre ce développement, revienne à ce qu’il avait dit si clairement à Lille « ceux qui participent ont droit à notre respect, ceux qui ne participeront pas également ». Malheureusement, l’outil FI qu’il a créé domine désormais sa stratégie et ne lui permettait pas autre chose que de se lancer dans ces slogans discutables de soutien absolu autour de la colère, du « fâchés pas fachos » ou du « Macron dehors ».

La seconde raison pour laquelle je n’ai pas participé est plus profonde, plus imprégnée de l’histoire et de l’expérience.

Certes pour ce mouvement, parti d’un appel aux opinions non identifiées, très très vite relayé par les deux partis d’extrême droite RN et LP, soutenu par la droite extrême des LR, ma réaction première était logique « je ne me mélange pas avec ceux qui me mettront en prison, m’enfermeront dans un stade ou me contraindront à l’exil », je n’ai jamais parlé de complot de ces partis pour la seule et bonne raison que ce n’en est pas un. Le problème est en effet ailleurs.

Le problème est dans la vulgarisation des idées et des comportements tragiquement libérée par les attitudes conjointes du PS des années 80 qui imposa leur parti porte parole comme ayant droit de cité et la période Sarkosi des années 2000 qui les a portées au pinacle.

Ne pas laisser la rue et la colère au RN et à LP, en se joignant à tout ce qui bouge, est à mon sens une fausse solution car elle est illusoire en termes d'efficacité dans le combat contre ces idées et ces idiots utiles de tous les partis se partageant le pouvoir depuis 35 ans élus au nom du moindre mal qui est quand même le mal.

Le problème, chacun peut le mesurer, il se trouve dans les têtes remplies par la logique du libéralisme qu’ont imposée à la fois PS, LR, LREM, facteur de banalisation d'idées enfouies dans des esprits qui les refoulaient jusqu'alors. Il se voit dans les discussions quotidiennes, dans la rue, chez les commerçants, au comptoir des cafés, dans les discussions d’amis ou de famille. Il se concrétise par les arguments de refus de la différence, de slogans du type « gitan voleur de poules », « arabe ou musulman systématiquement islamiste », » homo forcément pédophile », « juif riche, profiteur et avide de fric », dans l’utilisation d’un vocable qui use et abuse des termes révélateurs, les youpins (si si on l’entends encore) les bougnoules, les cousins, les gris, les voleurs de poule, les pédés et les gouines,  bref tous les éléments qui ont conduit tant de gens à se retrouver ensemble derrière certains barbelés. A titre d'exemple, j'ai eu ce 11 novembre, sur l'une de ces manifestations du souvenir une discussion avec un monsieur âgé, respectable, gentil, ancien ouvrier sans doute et très vite j'entends ce discours qui peut paraître décalé et tiré par les cheveux mais tellement révélateur que tout argument raciste est possible " tous ces morts de 14 n'ont pu faire d'enfants, donc à la libération, ces enfants auraient été nécessaires, nous sommes allés chercher des ouvriers dans le magreb, aujourd'hui leurs enfants qui n'ont pas de boulot et qu'on finance nous conduisent à l'islamisation". j'en suis resté coi mai oui, le mal est profond, très profond et le terrain est prêt pour renouveler l'horreur du fascisme.

Cette campagne pour la baisse du prix du carburant est révélatrice de cette situation. Sur les vidéos amateur qui ont circulé, dans les discussions qui ont alimenté ces journées pré-manifs, nous n’avons pas vu et entendu autre chose que «  les politiques sont corrompus » « tous pourris » « les syndicats tous achetés », et surtout la contestation de l’impôt en tant qu’impôt,  j’en passe et des meilleures qui sont le langage courant du comptoir de bistrot et de la « fachosphère ».

Ce n’est donc pas un  hasard si ce mouvement bénéficie d’une couverture médiatique exceptionnelle, encore moins si le nombre sera sans doute présenté comme réussi car le nombre n’est que le reflet de ces pensées profondes et dangereuses libérées.

Vouloir lutter contre ces idées en s‘y agglomérant relève pour moi, d’une attitude fort dangereuse, déjà tentée lors du poujadisme et dont le résultat fut la mise en selle de Le Pen dès les années 50 et je maintiens que « souper avec le diable même muni d’une cuiller à longue queue » est un jeu suicidaire.

Non décidément, la révolution telle que nous la voulons ne peut passer par ce genre de manifestation, elle ne peut exister que par la mobilisation du monde du travail, le blocage de la production et du service alliée en France à la prise du pouvoir central par une force imposant la Constituante pour une 6ème République, bref la stratégie du Parti de Gauche portée brillamment en 2012 et 2017 par Jean-Luc Mélenchon, pas du blocage de quelques ronds-points suite à appel ambigu et soutenu par quelques tristes sires….

Ensuite et bien, je dis banco…si ce mouvement continue socialement, si demain comme dans un certain mois de mai, l’un après l’autre les lieux de production sont occupés, si la grève devient enfin générale, si la revendication et l’action poussent ce pouvoir vers la sortie et cette 5ème République à en mourir pour laisser la place à notre camp en imposant la Constituante, s’il permet au mouvement syndical et à la vraie gauche portée par Mélenchon ou l’un ou l'autre de mes brillants camarades du PG d'incarner le peuple de gauche,  alors je ferai amende honorable et j’en serai.

Mais je suis malheureusement tenté par un autre pronostic, celui qui, au travers du prix du carburant et du refus de l’impôt, continue ou se manifeste au-delà de ce jour, ce dont je doute, il conduira à une toute autre issue, une catastrophe autour des idées nauséabondes où chacun, comme dans une autre époque, se défendra d’avoir pu la prévoir…

Commentaires
M
Merci beaucoup Yves pour ce commentaire et ton soutien. Effectivement la publicité faite par les média, la compréhension dont fait preuve le gouvernement qui tranchent singulièrement avec les attitudes sur les grands ou petits mouvements sociaux sont des signes qui ne devraient pas tromper les gens de gauche....
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Y
Entièrement d'accord avec ton analyse, je ne pense pas que ce mouvement puisse déboucher sur l'évolution que nous souhaitons. Et que dire de la publicité qui leur a été faite par les médias...
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50 ans après...
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