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50 ans après...
4 novembre 2018

Etats d’âme

Aragon_20181104_0001_NEWEtat d’âmes fut le titre d’un bon film de fin des années 80 qui, malheureusement, n’a pas eu le succès et donc la diffusion qu’il aurait largement méritées.

Il exprimait toute la déception des militants de l’espérance révolutionnaire des années 70 qui ont conduit nombre d’entre nous à espérer de 81 et à vivre la désespérance qui surgit lors de l’amnistie des généraux d’Alger et  le virage de 83.

Le parcours de ce que nous fûmes, la recherche d’un ailleurs, la tentation des alternatifs et l’impasse de ce type de mouvement, le petit tour de valse non concluant du côté du PC, les tentatives personnelles pour tenter de rester cohérents et fidèles à nos engagements, les trahisons encore et encore du PS ou de la CFDT, nous sommes des centaines à les avoir vécues, à nous y être usés, à avoir espéré, convaincus qu’il y avait un chemin.

Puis revint la lumière, autour de Mélenchon, le 29 mai 2005, nous fêtons pour la première fois depuis si longtemps, la victoire du non au traité européen et je suis de ceux qui se sont enthousiasmés un soir de 2008 aux accents du « bruit et de la fureur » d’un parti qui intégrait nos aspirations nées de 68 et de nos combats des années 70, celle du socialisme à visage humain, de l’écologie et de la République, celles de la laïcité et de l’égalité des droits.

Avec le tempérament qui est le mien, je m’y suis engagé sans compter. Bien sûr, je pressentais les germes de quelques erreurs, la stratégie du parti creuset et du Front de Gauche pouvaient freiner le développement d’un grand parti de masse et de classe, empêcher de prendre cette place vide, désertée depuis si longtemps par le PS et victime des louvoiements électoraux du PCF. L’expérience de ma vie militante pouvait enfin être utile, apporter sans rien espérer en retour cette part d’éclairage était mon vœu le plus cher, porter  et tenter de faire partager les thèmes qui firent notre réussite dans le développement de la CFDT en son temps, développement, organisation, formation, information constituèrent l’essentiel de mes activités, elles ne furent pas comprises, pas grave pour ce qui est de mon ego, dommageable pour la vie de ce beau parti et de ce que nous aurions pu en faire mais regardons le temps présent.

Notre société vit au rythme des réseaux sociaux, dangereux s’il en est avec son corollaire non moins dangereux, le rejet de toute organisation. Que tel ou tel individu aux opinions non identifiables se plaigne du prix du carburant lance un appel relayé très vite par les forces de droite extrême ou de l’extrême droite et la machine embraye vantée par les media bien absents en d‘autres circonstances, entraînant les populations à la remorque d’un mouvement aux suites si incertaines qu’elles ne peuvent qu’‘être dangereusement inquiétantes et notre parti exsangue ne peut plus jouer le rôle critique que la situation imposerait, la mouvement dans lequel il s’est noyé se trouve condamné à une déclaration de circonstance et à se diviser sur l’attitude à tenir alors que les propositions du programme présidentiel de Mélenchon, l’AEC, portait les revendications les plus claires et les plus ambitieuses sur la situation.

Sur ces mêmes réseaux sociaux, ce jour, nous entendons un phénomène encore moins développé et, au combien inquiétant lui aussi, l’appel à détruire des boucheries au nom du véganisme…Faut-il aussi le relayer s’il se développe parce qu’il vient du peuple ?

Faudra-t-il relayer cette soi-disant colère lorsque que tel ou tel loustic appellera un jour ou l’autre à envahir telle ou telle banlieue pour y faire le ménage et qu’il sera lui aussi populaire ?

Non, de grâce, posons-nous et réfléchissons quelque peu à la différence qu’il y a entre colère et revendication, entre mouvement social et agitation mais qui peut le faire ?

Oui qui peut le faire à part une organisation développée, pédagogique, structurée composée de vrais adhérents qui réfléchissent dans des structures organisées ?

Qui peut le faire alors que le tout numérique conditionne les individus à tout régler, sans aucun contact humain, derrière la machine ou le clavier, l’adhésion au parti comme les gestes élémentaires de la vie, des achats comme de la démarche administrative, la réaction épidermique sur tel ou tel évènement.

J’ai toujours cru que rien n’était perdu, que l’être humain avait les capacités pour se ressaisir, que si nous le voulions, nous pouvions maîtriser les situations et notre destin.

Au vu de ce qui reste de notre parti qui portait l’espérance, au vu du ballotement constaté du mouvement FI au gré des calendriers électoraux, des évènements ou des appels des réseaux, en ce temps de ma vie ou les affres cruspuculaires se font sentir, j’avoue avec tristesse voir revenir ce temps que de 2008 à 2016, je croyais révolu….celui des états d’âme, des incompréhensions, bref ce temps où l'on veut encore croire que notre belle jeunesse aura les sursauts salutaires mais où l'on souffre de notre réalité d'homme de devenir impuissant devant les forces colossales du capital.

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