9 octobre, une sacrée série de dates
Trois de ces 9 octobre auront marqué ma vie personnelle et militante.
Ce fut d’abord 1967, nous apprenons par nos transistors (que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître), là-bas vers Villegrande, l’assassinat de celui qui aura fait rêver mon adolescence, le tenant de l’Internationalisme, le combattant de la Sierra Maestra, l’un des commandantes libérateurs de Cuba, Ernesto Guevara, médecin argentin devenu citoyen et ministre de la nation cubaine qui choisit de continuer le combat pour libérer ce pauvre et martyr continent d‘Amérique du Sud.
Puis 1978, dans un autre genre, à 49 ans, le chanteur belge qui enchanta notre enfance et notre adolescence, Jacques Brel, quelque part là-bas aux Marquises tirait sa révérence après nous avoir gratifié de son dernier disque et d’un superbe hommage sous ce titre « Pourquoi ont-ils tué Jaurès »
J’ai choisi pour ce 9 octobre de limiter mon propos, de retenir un autre évènement survenu en 1998, à l’histoire d’une trahison, celle d’une grande partie de majorité des députés de l’Assemblée nationale, vous l’aurez compris, celle des députés PS.
Depuis 1970, avec Jean-Louis Bory, Guy Hocquenheim et le mouvement qu’il a créé, le FHAR, je suis, parmi tant d’autres combats de cette époque bénie entre toutes, de cette lutte légitime, celle de la reconnaissance et de la dépénalisation de l’homosexualité. J’en étais comme j’étais militant du droit des femmes, bref femmes, homos etc… l’égalité des droits quoi…
La volonté politique d’un Robert Badinter devait consacrer notre lutte par la dépénalisation comme Simone Weil avait consacré les combats de Gis-èle Halimi pour le droit à l’IVG. Nos luttes avaient imposé le droit… comme toujours.
Le combat était loin d’être terminé, nous voulions l’égalité totale, le droit à l’union, à l’adoption et c’est avec bonheur que nous vîmes émerger ce débat porté également par Elisabeth Badinter sur la scène politique par la proposition de loi d’un jeune sénateur Jean-Luc Mélenchon.
Elections désastreuses pour le PS en 1993, la proposition ne sera pas suivie de débat et reviendra sur le devant de la scène avec la majorité issue de la dissolution de 1997 sous la forme d’un projet de loi appelé pacte d’Union Civile.
Présenté au débat le 9 octobre 1998, je « sèche un de mes cours de cadre supérieur à l’ESSEC pour enfin jouir de ce signe de nos victoires » mais en fait de débat ce fut bien d’une trahison que je fus témoin. La plus que grande majorité des députés PS désertera ce jour le débat, laissant le champ libre à une motion d’irrecevabilité portée par la droite. Le député Noêl Mamère aura ce mot « " le PS ne voulait pas d'une loi pour des pédés" Guigou/Jospin bafouillaient des prétextes à la noix du type « je regrette même si vous savez bien, ce n’est pas mon mode de vie » (Jospin) ou « ce n’était pas que pour les homosexuels, ce texte pouvait organiser la vie de gens voulatn vivre ensemble, cousins, voisins etc.(Guigou).
L’ouvrage fut remis sur le métier en 1999, le texte fut mis en débat mais une fois de plus, devant la fronde d’un « quarteron » de maires de droite tonitruant que « jamais, ils ne célébreraient une telle cérémonie »,madame la ministre retira du texte la cérémonie en mairie et les couples qui voudront se pacser se contenteront d’une déclaration au greffe du tribunal… Bref j’ai vécu cela comme une réplique de la trahison de 98, ainsi pas question d’accès pour des homos à la maison Commune, ce serait trop voyant... Si cela n'est pas révélateur d'une réelle homophobie...
2013, le PS évitera la décision rapide, organisera par ses cafouillages et son indécision claire, la montée des intolérances, de l'homophobie au travers de la MPT, refusera énergiquement d'inscrire le droit à la PMA et traitera par les déclarations méprisantes, un utile et intelligent débat sur la GPA. L'égalité des droits n'est toujours pas totalement assurée à ce jour.
1983 m'avait révélé le PS antisocial, 1998/1999/2013 m'auront prouvé le PS lâche et homophobe.
Autant d'éléments pour alimenter mon choix trentenaire du "plus jamais PS" et je m'y tiens...
Mieux vaut en effet ne jamais être élu que devoir sa place à ces gens....
Oui, sacrée date ce 9 octobre.