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50 ans après...
12 avril 2018

De mai 1968 à mai 2018, c’est de la lutte contre le système qu’il s’agit

50 ans 68 recto_20180309_0001_NEWEn mars 68, la jeunesse universitaire qui voulait changer le système (et pas seulement, contrairement à ce que les élites bourgeoises et leurs serviteurs rabâchent, accéder au dortoir de l’autre sexe) se voyaient qualifier par certain journal de « anarchistes et trotskistes dans le sillage d’un juif allemand » et par les autres de «  jeunesse trop gâtée  qui se comporteraient autrement si la 12/7 (pour les non-initiés comme moi, c’était un fusil mitrailleur je crois)  lui avait frôlé les talons » propos véridiques entendus sur mon poste de travail….

En mai 68, nous jeunes travailleurs, politisés dans notre adolescence et notre jeunesse  par les récits de Résistance et les horreurs de la guerre d’Algérie étions  agacés en permanence par un autoritarisme qui n’avait rien à voir avec l’autorité et qui se traduisait par le :  travaille et tais-toi, mange et tais- toi, apprends et tais- toi, salue ton ainé et pour les filles, ne va pas au bal seule ou autres locutions du genre, « une femme s’occupe de sa maison et n’a pas besoin de longues études, la couture ou la comptabilité suffisent » etc….

Voulant un syndicalisme moderne, nous avions adhéré à la CFDT à partir de 1964, en mai 68 nous avons très vite décelé deux attitudes différentes, la nôtre et l’UNEF qui considérions le 13 mai comme le début d’une libération et celles de la CGT et de FO qui voyaient dans un mouvement social l’avancée vers les revendications salariales ou de conditions de travail.

Non pas que ces revendications ne intéressaient pas, bien au contraire…Elles ne nous suffisaient pas c’est tout. La CFDT a dès ce moment intégré le concept d’autogestion et nous voulions faire de notre organisation un pivot essentiel de la lutte révolutionnaire démocratique et pacifique.

En juin 1968, ils sont rentrés en criant « on a gagné », nous sommes rentrés en disant « ce n’est qu’un début ».

Et effectivement, ce n’était qu’un début, nous avons réalisé le beau congrès de la CFDT en 1970 basé sur le triptyque : Autogestion, Socialisme, Planification démocratique et les militants de la CFDT mais aussi les autres  militants de 1968 se sont retrouvés dans tous les combats de cette belle décennie :

-          Lutte des homosexuels avec J.L Bory, Guy Hocquenheim et le FHAR

-          Lutte des femmes avec Gisèle Halimi et les 343 salopes

-          Lutte des paysans du Larzac

-          Lutte pour les comités de soldats et pour une armée démocratisée

-          Découverte de l’écologie et du combat anti-nucléaire à artir de Dampierre-en-Burly

-          Et tous les terrains sociaux comme la grande grève des PTT de 1974 (après que VGE ait annoncé la nécessité d’une Compagnie Nationale du Téléphone), les LIP etc...

Nos combats ont porté une partie de leurs fruits en matière de libération des femmes quand le combat de Gisèle Halimi que nous soutenions à amener, sous VGE, le gouvernement à proposer et faire adopter la loi Veil…

Et puis est arrivé le PS issu d'Epinay... vers 1978, beaucoup de militants de la CFDT y ont vu un espoir… pour ma part, baigné par mes lectures, mon vécu, mon adolescence politisée, je n’avais aucune confiance en Mitterrand qui était pour moi le ministre de l’Intérieur de la période algérienne et avec quelles déclarations !!!! Mais pendant 16 mois et c’est une heureuse réalité, sous Mauroy et avec Badinter un certain nombre de combats ont vu un début d’aboutissement, le Larzac fut abandonné, la centrale nucléaire de Plogoff aussi, la peine de mort fut abolie, l’homosexualité dépénalisée, de multiples revendications sociales satisfaites mais ce ne fut qu’une courte embellie.

Il y eut d’abord cet épisode qui, pour ce qui me concerne, fut le révélateur du fait que ce Président et ce parti ne seraient jamais le mien. Fin 1982, le président Mitterrand décide (probablement à la suite d’une promesse) que les généraux putschistes d’Alger (avril 1961) seraient amnistiés et rétablis dans leurs droits. Comme tous bons socialistes, les députés du PS, ont protesté et n'ont pas voté  la censure…Comme le jeune ado qui suivait ce putsch à la radio, j'en fus scandalisé et cette trace reste indélébile.

Et puis est arrivé 1983, le choix de l’Europe libérale triompha, grâce au choix présidentiel, sur celui de l’Europe sociale, la CFDT noyautée par le PS emboîta ce pas et pour ma part, je me suis senti perdu et suis entré dans la recherche d’une cohérence et des moyens d’une fidélité à ce pourquoi je me suis toujours battu et ce furent à la fois, le dossier d’adoption, le parcours avec les alternatifs, les expériences politiques électorales ou autres qui feront l’objet d’autres billets de blog…

La renaissance vint avec 2008 et la création du Parti de Gauche autour d’un camarade découvert en 1989, Jean-Luc Mélenchon. Le temps n’est pas venu sur ce blog de faire un bilan de cette magnifique expérience et de ce qu’elle deviendra mais au final, aujourd’hui 50 ans après que voyons-nous :

Une situation sociale portée par les cheminots qui situent très bien l’enjeu et qui savent qu’ils ne se battent pas pour eux mais pour la société, des étudiants avec qui, comme en 68, il faut réussir la fusion, un pouvoir répressif, beaucoup plus dur que ne l’était le pouvoir gaulliste avec un Président bien éloigné de la force et de la dimension de celui de l’époque et pour conclure ce billet, je dirais que comme en 68, nous retrouvons la même ambiguïté la CGT, le syndicat auquel j’ai adhéré après la scandaleuse réforme des PTT préparée par le PS et la CFDT, se situe dans sa logique : l’alliance avec les forces réformistes pour un combat social trop souvent branche par branche qui peut totaliser des acquis, qui le conduit à ne pas soutenir les appels venus de notre camp les 23 septembre 2017 ou le 5 mai 2018 et des forces plus disparates (hélas la CFDT de 68 n’existe plus) dont le parti de Gauche fait partie qui se battent sur la thèse qui a toujours la nôtre : rien ne sera gagné si nous n’affrontons pas, ensemble Travailleurs-Etudiants-Chômeurs-Défavorisés-Exclus le système représenté en France par la Constitution de la 5ème République et le monarque qui en est l’émanation.

Espérons vivement et travaillons à ce nécessaire sursaut de notre peuple qui fera reculer ce pouvoir vers la sortie et permettra enfin la Révolution Citoyenne qui débutera par la convocation et l'élection de la Constituante pour une nouvelle république sociale.

 

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