Mobilisation sociale. Ce qui nous pousse à nous battre….ce sur quoi nous pouvons échouer…
Je n’avais pas prévu ce billet de blog dans le sens où je le rédige aujourd’hui. Je pensais plus à un ressenti des évènements internes à notre parti et aux inquiétudes et positionnements qui sont miens quant à son avenir avec une FI qui évolue, à mon sens, vers un tournant qui m’interroge.
Mais les débats qui se développent sur le dernier billet de Jean-Luc relatif à la situation sociale m’incitent à remettre à plus tard ce dossier.
Oui Jean-Luc Mélenchon a parfaitement raison dans son analyse de l’évolution du climat social, des difficultés de mobilisation et du rôle qu’y jouent à la fois le mouvement FI et le mouvement syndical.
Depuis les débuts de l’histoire sociale, illustré par la magnifique vague révolutionnaire de mai 68, nous sommes, nous le peuple, engagés dans une lutte constante, celle du peuple contre l’oligarchie, en quelques mots, celle de la lutte contre le capitalisme et son cortège d’injustices, d’exploitation et de misère.
J’ai vécu de très près mai 68, je pensais que nos constats du moment entre un mouvement de refondation complète du système représenté par la jeune CFDT (attention je parle de celle de cette époque, de celle qui conduira au congrès de 1970 et à la participation à tous les combats sociétaux des années 70) et une lutte exclusivement sociale et salariale que je ne néglige pas et qui a enregistré de belles victoires sur ce point avaient été intégré et que nous n’étions plus les « gauchistes à la solde d’un anarchiste, trotskyste juif allemand". C’est, pensant à cette évolution de la CGT que j’y ai adhéré après avoir quitté la CFDT noyautée PS libéral, c’est persuadé que les conditions de remise à l’ordre du jour de nos aspirations par ce qui naissait que j’ai adhéré et me suis engagé avec passion dans le parti de gauche. Je ne regrette en aucun cas ce dernier choix même si conscient des réalités qui allaient se faire jour, j’ai toujours combattu la notion de parti creuset et l’engagement dans le Front de Gauche dont les lignes divergentes se voyaient comme le nez au milieu de la figure.
Hélas l’Histoire repasse parfois les plats et les différences d’appréciation de 68 renaissent de leurs cendres au moment où la globalisation des combats est une nécessité absolue.
Nos luttes d’aujourd’hui n’ont pas d’autre finalité que d’abattre les outils de ce système, en premier lieu, la Constitution monarchique qui le pérennise et les privilèges du patronat qui l’incarne, c’est bien le rôle d’un parti ou mouvement politique et que cela plaise ou pas, Jean-Luc Mélenchon, le groupe parlementaire et les militants des forces dites insoumises font admirablement leur travail en étant le groupe le plus actif de l’Assemblée nationale et en tenant la rue sur les objectifs globaux à partir des ressentis de notre peuple. C’est bien en effet sue la chute du système monarchique qu’il faut travailler car tout le reste en découle et pour cela nous avons besoin comme cela fut fait le 13 mai 68 d’une conjonction des luttes sociales et des aspirations sociétales.
Force est de constater que le mouvement social n’arrive pas à s’enclencher de manière globale. Il y a, à mon sens une logique et des causes. La logique c’est cette volonté de tous les gouvernements (et le PS n’a pas été en reste sur ce point) en lien avec le patronat, de briser depuis la grande peur des années 70, toute possibilité de lien collectif, ce furent le recours massif à l’intérim, la séparation des métiers à l’intérieur d’une même entreprise, le concept d’évaluation individuelle, les recours massif aux CDD et autres contrats précaires, l’appauvrissement et l’endettement des ménages. C’est aussi la volonté farouche d’enfermer les directions syndicales dans des systèmes de négociation permanents avec l’illusion donnée qu’elles peuvent arracher quelques bribes. C’est enfin l’évolution tragique, pour qui connait ce que nous avions voulu en faire, de la CFDT et son fameux syndicalisme de proposition. Volontairement je ne parle pas de FO dont la ligne a toujours été constante, exister et influer plutôt que de contester et de vouloir changer le mode de production. Soyons clair, lorsque je dis ceci, je sais en connaissance de cause et pour y avoir gardé des amis, qu’il y a entreprise par entreprise, des camarades de ces organisations, courageux, actifs, pas forcément soumis aux diktats leurs confédérations. Il n’est donc aucunement étonnant qu’en ce qui concerne les directions de la CFDT et de FO, les choses se passent dans les négo et les cabinets ministériels, histoire de récupérer quelques points positifs qui font que c’est mieux que rien et que si on rétablissait l'exclavage, il faudrait négocier le poids des chaïnes.
La CGT est actuellement dans une autre position. D’une part, reconnaissons lui le courage de porter quasiment seule la volonté d’une réaction forte et massive du monde du travail mais nous sommes bien là au cœur de la divergence de fond qu’elle partage d’ailleurs (sans que j’en fasse un point de polémique, la courroie de transmission étant coupée depuis longtemps), avec le parti Communiste, celle de vouloir croire ou faire croire qu’il faut l’unité sur la base de la contestation sociale, sinon que rien n’est possible. Ainsi nous arrivons à la situation présente, celle de négociations avec le pouvoir politique qui n’ont aucune chance d’aboutir et qu’elle ne veut ou ne sait boycotter et celle de réunions intersyndicales qui n’ont pas plus d’espoirs de succès et qui arrivent à des grèves inefficaces à répétition en même temps que corps de métiers par corps de métiers, se développent des journées d’action….Passons sur les routiers qui ont toujours joué le même jeu de « ma boutique d’abord » et regardons les fonctionnaires d’un côté, telle ou telle branche de l’autre sans se préoccuper de la nécessaire globalisation.
Et réfléchissons ensemble une bonne fois pour toutes à ce qu’aurait donné un appel de la CGT, à une grande journée de grève et de manifestations interprofessionnelle derrière laquelle se seraient immédiatement rangés les tenants du programme l’Avenir en Commun. Ca aurait une autre allure et le million que nous aurions réuni sur les Champs Elysées ou ailleurs aurait plus fait trembler le pouvoir que quelques discussions ( et je ne doute absolument pas qu’elles fussent viriles) avec Macron ou Philippe.
Invoquer comme l’ont fait à pas mal de reprise, les dirigeants de la CGT, la charte d’Amiens qui date de 1906 et dont ils se sont affranchis à pas mal de reprises, ne peut expliquer ce refus permanent d’une attitude claire sur un objectif précis faire tomber cette République et instituer une République sociale par la Constituante élue par le Peuple, sinon à dire que comme en 1968, il n’est pas partagé par nos camarades et dans ce cas autant le dire clairement, mais souvenons-nous pour l’Histoire que si Macron gagne cette manche sur la loi travail, nous avons perdu pour longtemps.