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50 ans après...
25 octobre 2016

Au nom de nos rouges œillets

10154533_10202461334187406_8914433111298552929_nEn mai 68, du haut de nos 20 ans, nous critiquions âprement nos camarades d’un certain âge qui nous expliquaient longuement que notre révolution n’irait pas loin, que rien ne se ferait sans relève politique, que le peuple même en grève massive sans force politique organisée se heurterait très vite au mur de l’oligarchie. Nous critiquions vertement avec le slogan du « vieux monde qui est derrière nous ». Nous avions 20 ans, c’était la logique de notre âge.

C’est pour cela que j’aime tant et que je soutiens cette jeunesse en général, et celle de notre beau parti particulièrement, quand elle sait ne pas tomber dans la vénération de quelques caciques, quand elle évite de considérer comme de l’aigreur les douleurs qui résultent de tentatives de servir encore et toujours avec les leçons de notre vieille expérience, laquelle ne nous donne que le droit d’apporter notre pierre à ce pourquoi Jean-Luc Mélenchon a créé le Parti de Gauche, la Révolution citoyenne.

Sur ce thème de la révolution citoyenne, il convient bien de se mettre d’accord. La révolution citoyenne, c’est de redonner au peuple ce qui lui appartient de par la nature même du concept de République, c'est-à-dire le pouvoir, le pouvoir au citoyen dans la cité et dans la nation, le pouvoir au salarié dans l’entreprise, le pouvoir à l’usager dans le service public.

Ce choix implique de ne pas considérer cette campagne comme une campagne ordinaire dont le but ultime serait de faire élire un sauveur, un remède à tous nos maux mais comme le commencement d’un plus grand dessein, celui dans lequel nous nous sommes engagés depuis bientôt 8 années, celui de la révolution citoyenne.

Dès lors, il nous est impossible à moins de faillir, de chercher et même de rêver à des alliances de circonstances, lesquelles d’ailleurs? Avec des écologistes qui ne reconnaissent pas notre charte écosocialiste ? Avec des appareils PS ou des ex ministres qui portent entièrement la responsabilité de la politique antisociale de misère qui s’impose à nous ? Avec un parti communiste qui est en totale divergence sur le terrain du productivisme, de l’écologie et surtout sur l’analyse que l’on peut faire du PS et des rapports entretenus avec lui ? Avec des forces proches qui refusent la prise du pouvoir par les urnes ? Et bien non, ce n’est pas possible et soyons précis, il n’y a dans mon propos aucune acrimonie vis-à-vis de quelque appareil que ce soit. Ces forces ont avec nous des divergences fondamentales, elles ont le droit de les développer, de les exprimer mais nous ne sommes pas tenus à ces mariages de raison surtout quand ont veut unir la carpe au lapin, encore moins de croire que la carpe peut devenir lapin ou l'inverse, ce qui fut l’une des erreurs de la défunte stratégie du Front de Gauche.

Bien sûr la réalité du moment, l’urgence sociale, la remise au pas républicain de fonctions constituées comme la police, le relèvement du SMIC sont des impératifs que le nouveau régime devra poser au plus vite, par une assemblée favorable ou par ordonnance dans certains cas s’il le faut.

Mais, dès lors que nous sommes convaincus à la nécessité de cette révolution, nous devons agir en gagnants mais en gagnants qui vont renverser la table. Nous devons savoir faire bon usage et usage critique de nos cultures diverses, celle qui vient pour certains d’entre nous du PS, du PCF, des Alternatifs ou celle qui vient de nos actes manqués dans ces décennies des luttes, les nôtres comme celles de ceux qui nous précédé.

Nous avons fait, avec raison, le choix d’éviter d’introduire cette révolution par une violence qui viendrait du peuple, sachant que nous ne sommes pas naïfs et que nous savons bien que la violence vient rarement du peuple, nous en avons l’expérience depuis les révolutions du XIXème siècle et nous n’ignorons nullement qu’il faudra nous défendre tant la réaction sera dure.

Ce choix implique donc la prise du pouvoir comme la Constitution de la 5ème nous y conduit et pour une des rares fois dans l’Histoire, nous avons le candidat de la situation. Il s’appelle Jean-Luc Mélenchon et pour ma part, je crois à sa réussite et lui accorde toute ma confiance.

NOUS AVONS CHOISI AVEC JEAN-LUC MELENCHON UNE LOGIQUE,  CELLE DU PEUPLE EN MOUVEMENT AU TRAVERS D'UNE DEMARCHE INOVANTE, CELLE DE LA FRANCE INSOUMISE, POUR PEU QU’ELLE SE LIMITE A SON OBJET : LA VICTOIRE, PREMIER ACTE DU PROCESSUS DECLENCHEUR MAIS LA VRAIE QUESTION EST CELLE-CI :

QUE FAISONS-NOUS DE CETTE VICTOIRE POSSIBLE ?

Et nous voyons bien que dès la victoire du 7 mai et sans doute bien avant, toutes les forces de l’oligarchie, aidées par la commission européenne vont se mettre en marche, nous savons déjà par cœur la litanie des arguments qui seront débités à l’envi dans les medias par les économistes, les juristes, les journalistes et toutes les belles personnes de cette oligarchie.

Portons l’espérance que notre peuple sera suffisamment sage pour passer outre ce bourrage de crâne permanent et posons-nous la question de l’après.

Le Parti de Gauche a fait un choix dès janvier 2017 : appeler à la candidature de Jean-Luc Mélenchon et s’effacer en tant que parti dans la campagne pour se mettre au service de la France Insoumise. C’est son choix, voté majoritairement, par son organe directeur, le Conseil National, il est donc respectable. Il n’en est pas moins critiquable pour autant par l’adhérent du PG que je suis et qui, comme c’est le cas depuis ses 15 ans peut se considérer comme un insoumis qui n’a pas besoin de changer couleurs, logo et attachement partidaire pour autant.

La victoire du 7 mai ouvrira à notre peuple des perspectives immenses pour peu qu’il ne s’endorme pas sur sa victoire et sache se mobiliser, pour soutenir le porte-parole victorieux, dans l’ensemble de la démarche de révolution citoyenne qui commencera dès le jour de son investiture. Notre victoire ne peut en aucun cas se fondre par tactique, par calcul électoral, par souci de ceux qui crieraient à la dictature aux exigences des institutions européennes et françaises qui tenteraient de retarder, avec le souhait de les contrôler, les échéances vitales que la situation impose.

J’ai déjà eu l’occasion dans une précédente note de blog de dire mon désaccord avec la procédure référendaire « choisie »  à Lille pour la convocation de la Constituante. Y revenir ferait rabâchage mais il est d’autres réalités qui doivent être des signes significatifs d’entrée dans la phase de rupture avec l’oligarchie. Dès l’installation du gouvernement provisoire, la phase de négociations sociales avec les organisations syndicales doit être lancée, sans oublier bien sûr les éléments de contrôle financiers et monétaires immédiats. La mobilisation des salariés pour élaborer ses revendications doit être sollicitée, l’annonce du processus de sortie des traités ne doit pas attendre, tout ceci est sans doute clair dans l’esprit de l’équipe de campagne, elle n’est pas apparue clairement à Lille dans l’interprétation des électeurs que nous côtoyons chaque jour et qui, pour beaucoup d’entre eux s’apprêtent certes à voter Mélenchon mais avec le sentiment qu’il est la solution à leurs problèmes certes importants et graves de leur quotidien, pas avec le sentiment qu’ils devront être acteurs de leur reprise d’un pouvoir qui ne leur a jamais été donné dans l’entreprise et qui leur a été confisqué dans la cité.

Je l’ai dit, la stratégie présidentielle du mouvement France Insoumise est la bonne pour gagner l’élection présidentielle, elle n’en est pas moins porteuse de très gros risques dans ce qu’elle véhicule de négation des partis politiques, dans ce qu’elle retrouve dans les accents des coordinations contre les syndicats, dans une attitude instituant comme une fatalité le fait que le peuple ne voudrait plus entendre le mot « partis » ou le mot « gauche » exactement il comme semble gravé dans le marbre, en un autre domaine, que la grande distribution est incontournable parce qu’elle résulterait de « nouvelles habitudes de consommation ».

Ce n’est pas nuire à la campagne que de dire qu’en cas de victoire et encore beaucoup plus en cas de défaite, comme ce fut le cas à chaque fois que ces courants sont nés, tout ce qui existe en non-encartés, en anti partis retombera en sommeil, laissant les partis comme seuls porteurs de la défaite.

Au contraire, nous devrions être, nous le Parti de Gauche, en état de marche. Nous devrions ne pas nous effacer dans les scrutins qu’ils soient celui des législatives ou celui de la Constituante qui, je l’espère ne cédera à cette mode plus que discutable du tirage au sort. Nous devrions avoir l’objectif de faire de ce mouvement des Présidentielles le vecteur d’adhésions vers notre parti qui doit impérativement revenir à sa vocation, celui d’être le parti de gauche, fort et démocratique de l’Ecosocialisme.

Certes je sais que je ne suis pas dans le sens des tendances en cours mais être insoumis n’est-ce pas savoir nager à contre-courant ?

Ne pas céder aux diktats des antipartis, savoir que l’expérience permet de dire que toute tentative de structuration hors partis à toujours échoué dans l’après 68 comme dans l’après virage libéral du PS, savoir que si nous devons, ainsi que le demande nombre de déçus (comme je le suis) de l’évolution et surtout du fonctionnement démocratique du parti de gauche, reconstruire une force politique, les bases existent, celle du beau parti créé en 2008 et que c’est à partir de lui et non pas contre lui qu’il nous faut reconstruire le Parti de Gauche Ecosocialiste porteur d’espoir, nourri de ses erreurs, fort de ses réussites et de son intransigeance face au monde de la finance dans lequel s’est moulé le parti solférinien et hélas ses alliés à qui il tolère l’accès à des postes d’élus.

Au magnifique congrès de Bordeaux, celui que nous pleurons tou-te-s aujourd’hui, François, nous avait brillamment brossé le parcours si riche et si réussi de nos 4 ans d’existence. Nous ajoutions à nos foulards rouges, l’œillet rouge symbole de la révolution du même nom. La belle charte de l’Ecosocialisme apportait le vert nécessaire à notre drapeau.

Mes amis, mes camarades, n’ayons pas peur de nos couleurs, ne les laissons pas disparaître dans la nécessité d’un combat électoral et de sa part nécessaire de tactique, portons fièrement notre espoir.

Au nom de nos œillets rouges, sachons imposer le parti de l’avenir, le parti de Gauche Ecosocialiste, sachons pousser vers lui l’adhésion de tous nos camarades rencontrés dans cette belle campagne et soyons prêts au nécessaire congrès de reconstruction qui s’imposera après cette phase électorale que nous soyons vainqueurs ou défaits.

Bien entendu, ce billet comme les autres n'a pour ambition de délivrer une vérité, juste d'introduire un débat nécessaire avant que le vent de l'histoire balaie nos espoirs comme il l'a fait pour d'autres partis..

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