Nos erreurs et nos ratés ont forgé notre espoir
Une vie militante de plus de 50 ans permet de faire un bilan, non pas pour donner des leçons aux jeunes qui n’en ont pas besoin, non pas pour parodier ce fameux « j’y étais », non, simplement pour essayer de tirer de ce que nous avons fait, de ce que nous avons grandement raté et de quelques maigres réussites, des analyses qui pourraient servir.
Les leçons, pour ma part je les laisse à ceux qui se permettent de les donner, à ceux qui, parmi les militants des années CFDT, des années PSU, à ces acteurs de notre début de révolution en mai 68 qui ont répondu, comme hélas beaucoup de mes camarades de cette époque, aux sirènes d’un parti social-démocrate dit socialiste qui leur offrait leur part d’un pouvoir dont ils ont bien profité.
Moi je me limite à dire comment, formé au syndicalisme dans la mouvance du beau mouvement de mai avec la CFDT révolutionnaire que nous construisions, formé à la politique successivement dans le PSU de 70, dans les combats sociétaux de la période 70/80, dans les alternatifs des années 80, dans le début de compagnonage du PC dans les années 90 et conscient des dérives et erreurs de ces différents mouvements, j’en suis arrivé à m’enthousiasmer pour la belle aventure du PG à parti de 2009.
Sans revenir au soutien indéfectible que je porte à Jean-Luc Mélenchon depuis 1990 et que je lui porterai dans tous les cas jusqu’à la victoire possible de 2017 et à l’installation qui suivra de la Constituante, c’est l’apport de ces erreurs aux réflexions du moment que je souhaite traiter dans l’article de ce jour. Je la traite dans ce blog car décidément Facebook ne permet aucun développement sincère sans attaque permanente des intervenants en mal de polémique, j’y écrirai de moins en moins car ce n’est en aucun cas porteur de débat productif.
Ces années m’ont appris énormément, elles m’ont appris que la révolution au sens noble du terme est une œuvre qui n’est jamais achevée, un métier sur lequel il convient 100 fois de remettre l’ouvrage, une confrontation permanente entre intellectuels et mouvement social.
Ainsi, les élections, base du système constitutionnel qui nous gouverne, ne sont et ne restent qu’un élément de ce processus révolutionnaire, pas son achèvement.
Ceux qui croient que l’accès d’une étiquette labellisée gauche, élue pour 5 ou 6 ans est une victoire, se trompent lourdement. Ainsi vouloir des alliances pour que la gauche labellisée (le PS) batte la droite labellisée ( LR, FN, Centristes) est du domaine de la bien courte analyse.
Ceux qui croient que les camarades, que nous envoyons aux élections municipales ou départementales doivent se comporter en révolutionnaires exemplaires, n’ont pas intégré la réalité du processus révolutionnaire. Ils sont élus pour donner de la force au mouvement, ils règlent les problèmes locaux et sociaux mieux que d’autres ne le feraient mais sont pris dans un fonctionnement notamment budgétaire et restent tributaires d’un héritage et d’une logique comptable. C’est pourquoi il ne peut y avoir de compromission au premier comme au second tour dans des alliances, des promesses de fusion de second tour ou des ambigüités sur ces alliances avec le parti qui, participe, chaque jour par son attitude, du maintien d’un système que nous voulons abattre et remplacer. C’est pourquoi le torrent de reproches coulant sur les réseaux sociaux vis-à-vis de nos camarades élus du PG à Grenoble est un non sens et que je leur garde mon amitié et tout mon soutien.
Ceux qui croient que le Président une fois élu va résoudre tous les problèmes se trompent de la même manière car même cette élection, clé de voûte de la Constitution que nous aboliront pour reconstruire le lien politique du peuple, ne permettra rien si nous n’avons pas la capacité de la coordonner à un mouvement populaire déterminé et exigeant.
Ceci dit, elle est dans notre pays la seule clé d’ouverture pour renverser la table et Jean-Luc Mélenchon est, de toutes façons, le seul candidat mieux placé pour la porter.
Or, le système capitaliste est ce qu’il est. Il se battra jusqu’à la dernière goutte de notre sueur et sans doute de notre sang, pour garder à l’oligarchie, aux forces réelles qui ont pris le pas sur le politique, leurs privilèges. Nos camarades Grecs, Portugais, Espagnols sont là, après nos amis d'Amérique Latine, pour nous permettre de le mesurer.
L’impuissance des partis politiques face à ces phénomènes n’a pas d’autre raison d’être et je l’ai pratiquée aussi qu’un faux attachement à des valeurs dites démocratiques… la droite voulant battre une fausse gauche, la fausse gauche et certaines de ses alliances parfois avec des partis de la gauche réelle voulant battre la droite, les deux sachant surenchérir dans leurs arguments et actes sur un terrain nauséabond pour battre l’extrême droite et les deux sachant probablement s’unir demain pour barrer la route à un Mélenchon accusé de tous les maux dès que celui-ci sera présent au second tour…
Il n’y a pas d’ambigüité, j’aime ce qui résiste, j’aime ce qui milite au premier rang desquels les militants communistes, les syndicalistes, les forces de la gauche radicale ; je suis du côté des drapeaux qui flottent dans nos manifestations et je n’ai pas, parce que j’affirme preuves à l’appui que la stratégie du Front de Gauche était une erreur dont le PG mourra sans doute faute de l’avoir dénoncée quand il le fallait, à être considéré comme anticommuniste, encore moins traité de ce qualificatif; je n’ai pas parce que je crois à la priorité du parti sur le mouvement à subir les remarques des anti partis. Je n’ai pas à tenir compte de tout cela parce que ma vie militante m’a conduit à vivre toutes ces expériences et leurs désastreuses onclusions.
La réalité est toute autre ; au fil de ces combats, de ces découragements, des moments exaltants de l’espoir, des joies de quelques victoires, les mouvements alternatifs des années 80, leur impuissance et le cortège des insatisfaits (qui ne l’admettront pas) qui se complaisent dans un statut dit de non-encartés, les ambigüités du PC vis-à-vis des manipulations du PS, les évolutions des mouvements pris en main par le PS y compris et surtout la CFDT et ce que nous voulions en faire et tant d’autres actes et déclarations m’avaient en fait amené dans les années 2000 à considérer sans doute un peu vite que nous avions tout raté, que jamais l’occasion ne se représenterait. Nous avons ainsi vu un Le Pen au second tour, un PS qui n’avait rien compris de ses erreurs, une lueur d’espoir avec un referendum gagné sans savoir qu’il serait trahi à Lisbonne avec le pire des Présidents que notre République ait connu.
Et puis, une nouvelle page, une nouvelle leçon pour rappeler que rien n’est jamais perdu, Jean-Luc Mélenchon et de nombreux camarades fondent le Parti de Gauche- pour moi, malgré un désaccord sur l’annonce d’une volonté d’un Front de Gauche avec le PCF, j’adhère sans trop tarder et vis l’expérience d’une renaissance politique et militante que je croyais disparue.
Dans le programme du Parti de Gauche, tout ce que nous avions bâti au congrès de la CFDT de 1970 avec le socialisme autogestionnaire, tous ce que nous avions travaillé au PSU, ces thèmes auxquels Mitterrand en son temps déclarait « ne rien comprendre » se retrouvent remis à leur place. Nos combats sociétaux pour l’égalité des droits et notamment l’organisation de vie des homosexuels, combat des années 70 porté courageusement au Sénat par Jean-Luc Mélenchon en 90, les droits des femmes etc.…reprenaient leur place naturellement dans le programme du PG. Quelques années plus tard, nos combats contre le nucléaire, nos luttes écologistes se retrouvaient dans la plateforme écosocialiste du parti.
Il n’y a pas d’autre réalité que celle de constater que c’est bien le Parti de Gauche qui porte l’espoir d’une génération et ceci éclaire l’échec prévisible du Front de Gauche tant les différences entre les 2 partis fondateurs sont patentes, qu’il s’agisse de la manière d’appréhender les élections, qu’il s’agisse surtout de la conception des modes de production, de l’écologie d’un côté, du productivisme de l’autre. Ce n’est pas être anti communiste que dire cela, c’est admettre des différences qui ne peuvent se fédérer dans un même cartel mais qui n’empêchent nullement l’union dans les luttes sociales sur des bases communes ou même des alliances électorales ponctuelles dès lors que sont satisfaites des exigences communes e tnotamment la relation au PS.
Pour toutes ces raisons, il convient d’appréhender 2017 et la candidature de Jean-Luc Mélenchon avec cette réalité qu’elle est seule porteuse d’espoir, que le passage au second tour est chose tout à fait possible et souhaitable et, je le redirai jusqu’à ma disparition ou la disparition du PG sans savoir bien sûr laquelle précédera l’autre. L’important c’est la victoire aux Présidentielles qui déclenche la Constituante à laquelle nous devons, en tant que parti être absolument prêt puisque la Constituante est la pierre angulaire du combat que nous menons et elle ne peut se limiter au travail qui se fait dans La France Insoumise ou dans le M6R…
C’est aux partis et au nôtre en particulier de s’y préparer intensivement en priorité sur les Législatives qui de toutes façons, comme c’est prouvé depuis cette sale réforme du quinquennat seront de la couleur du Président et si Jean-Luc n’est pas élu, n’auront qu’une importance tout à fait relative.à moins que l'on considère des éléments financiers comme objectif politique...
Oui, il nous faut non pas déserter le terrain du parti mais nous y battre jusqu’au bout pour lui donner le statut qu’il aurait dû acquérir, celui du parti fort, organisé, déterminé de l’Ecosocialisme, continuer dans cette recherche permanente de l’inaccessible étoile ne peut que contribuer à un échec gravissime pour le Peuple de notre pays.
En attendant, bien entendu, nous sommes tous investis dans l’enjeu capital des mois à venir, celui de la victoire de la France Insoumise avec Jean-Luc Mélenchon, combat majeur qui ne peut se gagner sans l’investissement total du PG en tant que parti qui doit être prêt pour la victoire et pour sa place majeure dans l’Assemblée Constituante.
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