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50 ans après...
8 juin 2016

Rappels d’histoire sociale pour otages à la mémoire courte

13310477_10209592612921804_8556177149783538071_nLe terme d’otage est à la mode, indécent quand il est utilisé par des gens qui n’ont pour préoccupation que leur intérêt personnel immédiat, honteux quand il est comparé à ceux qui passent ou ont passé des années dans les geôles des talibans ou des bourreaux de Daesh.

Il semble donc nécessaire de ramener le débat à sa juste réalité, à le resituer dans ce contexte historique qu’est celui de l’histoire sociale de notre pays dont l’histoire syndicale et politique est l’un des éléments les plus importants.

Il convient de se souvenir que depuis la nuit des temps, rien ne fut arraché sans luttes sociales, que de Spartacus aux grévistes de 2016, le ton reste toujours le même, celui qui martèle les combats que mène une classe exploitée, naturellement majoritaire en nombre face à un système au service d’une idéologie dominante pour une oligarchie naturellement minoritaire en nombre.

Non rien ne fut acquis sans lutte, rien ne fut acquis sans répression organisée, volontaire par la minorité et je dirais avec tous les outils de la répression, au premier rang de ceux-ci l’infiltration d’agents provocateurs ou l’utilisation de la violence inutile et inconsciente d’une minorité.

Il suffit de se souvenir des luttes des sardinières bretonnes, des mineurs de Fourmies et plus près de nous des actions spectaculaires des homosexuels ou des mouvements féministes des années 70 avec les accusations du type «  ils exagèrent, le monde a toujours tourné dans le même sens, pour être heureux vivons cachés » et autres locutions du même ordre.

Quand pris avec bonheur dans la belle révolution (inachevée certes mais la Révolution et elle un jour achevée ?) de mai 68, je suis rentré après 3 semaines intenses dans ma belle ville de Gien, fier et heureux d’avoir participé à une victoire qui apportait 35% d’augmentation du SMIG, mais convaincu aussi que la lutte continuait et qu’il ne fallait pas répondre oui à ceux qui depuis Billancourt nous disaient qu’il fallait savoir terminer une grève, je les ai entendu ces arguments éternels des bienpensants «  35% d’augmentation du SMIG… et ben les usines ne tiendront pas le coup, la faïencerie va licencier » ou bien «  empêcher les gens de travailler, elle est belle la France !!! » etc. etc.  Elles n’étaient que la reprise de ce qui a suivi les magnifiques victoires de mai juin 36 «  payer les gens à ne rien faire etc. etc. »

Et pourtant, qui aujourd’hui demande à revenir aux temps anciens ? Qui est prêt à rendre les acquis des « preneurs d’otage » de juin 36, de mai 68, du CNR ? Qui, à part quelques abrutis de droite extrême, est prêt à revenir au temps des avortements clandestins, des homos traduits devant les tribunaux, des femmes interdites des actes aussi mineurs que de ne pouvoir ouvrir un compte chèque sans autorisation de leur mari ?

Nous avons donc dans toute l’histoire sociale, les mêmes arguments qui s’opposent à ceux qui luttent. Ils sont les mêmes aujourd’hui amplifiés par la prise de pouvoir sur les média au travers de la concentration des groupes de presse sur 5 ou 6 milliardaires tenants de la pensée oligarchique.

Il en est de même de l’histoire du syndicalisme, lequel s’est imposé par la lutte lui aussi, ce sont les Canuts, les révoltés du XIXème siècle qui ont imposé le droit de coalition, puis le droit syndical qui va de la création de la CGT en 1895 à la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise en mai 68, ce sont les luttes de mai juin 36 qui ont imposé les délégués du personnel etc.

Ce droit syndical imposé par la lutte a toujours été battu en brèche par le patronat et le système politique dominant qu’il s’agisse des scissions provoquées au sein de la CGT, qu’il s’agisse de la création de la CFTC (même si elle n’a pas à rougir de son comportement dans la Résistance, de son évolution en CFDT ou de sa période révolutionnaire issue du congrès de 70 et qui dura jusqu’à son noyautage par le PS), qu’il s’agisse de la création de FO avec le soutien actif des syndicats étasuniens.

Nous sommes dans la même logique aujourd’hui dans les conflits en cours. Une oligarchie de bienpensants a toujours contrôlé le système politique avec l’aide d’une Constitution de la 5ème République faite pour conforter cette ligne et n’a de cesse que de servir un système économique basé sur la dominance de la finance.

Cette oligarchie a vécu ses grandes peurs, celle de juin 36, celle de la libération où son slogan «  plutôt Hitler que le Front Populaire » s’est trouvé vaincu par la Résistance, celle de mai 68 et celle de mai 1981.

Elle a donc joué de sa puissance, crée une nouvelle division du mouvement syndical en faisant se noyauter la CFDT par le PS, en faisant tomber les espoirs de 81 en 1983 dans un courant libéral où elle a utilisé le prétexte de l’Europe pacifiée.

Après avoir réussi une partie de ses rêves de privatisation  en audiovisuel, aux PTT, dans l’énergie, elle a réussi, avec son consentement enthousiaste, à utiliser le PS pour signer sans changer une virgule le traité imposé contre la volonté du peuple et concocté par Sarkosi et Merkel, à préparer la satisfaction du MEDEF (qui représente une faible partie du patronat) par les lois Macron.

Elle en est aujourd’hui à faire finaliser par ce gouvernement et ce parti qui ressemblent à la gauche comme moi au prélat des Gaules, la casse du code du travail et donc de tous les acquis des mouvements sociaux sous la pression évidente (à laquelle le gouvernement est consentant) de la Commission Européenne.

Cette fois, c’en est trop. Nous sommes un peuple éduqué, organisé, connecté aux réseaux sociaux et les bobards des media du système ne prennent plus. Par la grève, par les manifestations, par l’occupation des places, par le développement de la conscience politique, chacun peut se situer et se situe clairement en rejetant à 75% cette loi scélérate.

Dans le même temps, dans les métiers, des décisions en cohérence avec cette orientation tentent de casser l’unité des entreprises, en séparant les branches comme ils l’ont expérimenté aux PTT et c’est sur cette base que les cheminots se battent. Il y a donc lien direct et indiscutable entre les ambitions de la loi travail, les revendications des cheminots et le slogan qui chapote toutes les luttes : Retrait de la loi El Khomri.

Pilotant l’opinion publique par médias services, tous les aspects de la mise en scène sont en place :

-         Répression commandée depuis l’Etat, avec l’aide de casseurs plus ou moins pilotés, des manifestations- mise en scène des bagarres, utilisations de grenades d’encerclement, passage sous silence médiatique des camarades ayant celui-ci perdu qui un œil, celui-là  une jambe en mauvais état suite utilisation de tirs offensifs, ici une dame âgée qui défendait les arbres et mise en valeur de policiers blessés

-         Utilisation des syndicats dits réformistes, notamment la CFDT bien prise en mains depuis 1983 pour valoriser la loi Travail ou casser le mouvement des cheminots.

-         Et surtout, l’objectif rêvé du patronat et de l’oligarchie, en finir définitivement avec ce syndicat de luttes, la CGT qui décidément ne veut pas rentrer dans le moule et continue malgré tout, dans toutes les élections d’entreprises, à réussir des scores majoritaires.

Alors, il faut crier « haro sur ce baudet », expliquer à ce bon peuple par tous les moyens, à l’Assemblée lors des questions au Gouvernement, dans toutes les interventions médiatiques, dans cette presse acquise aux idées des belles personnes d’où vient tout ce mal. « Vous n’aurez plus d’essence, la CGT organise des blocages » alors que dans les raffineries, ce sont les travailleurs en AG qui votent massivement la grève. « Les cheminots, déjà privilégiés, organisent avec la CGT le blocage du pays », il y a des inondations, certes catastrophe épouvantable pour els populations concernées et les voies noyées empêchent les trains de rouler «  mais c’est irresponsable de la part de la CGT de ne pas cesser le mouvement » et suprême agression…. « A cause de la CGT, l’Euro de foot peut être loupé » vrai que c’est important de retirer au peuple son opium…

Bref, il ne vient à personne l’idée de se dire qu’au lieu de parler d’otages, il y a un moyen simple de régler cette situation : retirer immédiatement une loi de casse du code du travail rejetée par 75% de la population, revenir sur les projets de démantèlement du chemin de fer en redonnant son histoire, sa structure, ses moyens au service public de la SNCF…

Mais ça, c’est peut être bien difficile à comprendre pour des media sous contrôle de la finance, c’est peut être difficile à assimiler pour ceux qui veulent oublier ou n’ont pas appris ce qu’ils doivent à nos luttes et à la grande histoire sociale de notre pays.

 

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