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50 ans après...
4 avril 2016

Soutenir Mélenchon sans réserve et s’inquiéter pour la Révolution citoyenne : Bipolarité, Schizophrénie ou Raison ?

JLM

Je ne reviendrai pas sur les raisons vieilles de 25 ans qui m’ont fait m’intéresser au camarade Mélenchon, qui m’ont amené à le rejoindre après la création du Parti de Gauche et à m’investir au maximum dans cette aventure.

La séquence qui s’est officialisée le 10 février par une proposition de candidature à être le dernier Président de la Vème République se situe dans la ligne logique de la création du parti de Gauche qui aurait dû devenir et être aujourd’hui, le « parti de la révolution citoyenne », de la dénonciation des travers démontrés de la Vème République, de la réelle victoire de nos idées pour 4 millions d’électeurs en 2012, de l’intégration de la charte écosocialiste.

Jean-Luc Mélenchon est pour moi, la synthèse de l’homme de courage et de l’humain dans la globalité de son émotionnel. Homme de courage découvert lors de sa proposition de loi en 1990 pour l’organisation juridique des couples de même sexe, il l’est resté jusque dans ses positions d’hier présentant clairement les avantages et les limites de la réglementation de la vente de cannabis ou remettant sur le terrain exclusivement politique le cas Rossignol. Humain dans la globalité de son émotionnel, ceux qui, comme moi, accompagnaient François Delapierre au Père Lachaise ont pu le mesurer, de la même manière hier sa dignité dans la réponse à sa remarque scandaleuse sur la nécessité de « laisser la place à des jeunes » fut exemplaire.

A ceci s’ajoute ses talents connus et largement partagés de tribun, sa vision géopolitique exceptionnelle.

Ces éléments mis bout à bout font de lui, n’en déplaise aux esprits chagrins, à certains des défroqués du parti qu’il a créé, aux orphelins d’un Front de Gauche qui était voué à sa destinée actuelle dès juin 2012, le seul candidat capable d’utiliser les institutions de la 5ème République pour la renverser, c’est lui, ce ne peut être que lui et à ce titre il aura mon vote, mon investissement dans sa campagne pour la place qu’on voudra m’y donner avec, j’en suis sûr, l’adhésion réfléchie de millions d’électeurs.

Mais notre finalité commune de notre combat n’est pas la victoire, elle est dans l’essence même de notre création en 2008, la Révolution Citoyenne.

Certes j’ai toute confiance dans la volonté de notre camarade une fois élu à « instituer la Constituante, à la laisser travailler, faire appliquer une nouvelle Constitution et ensuite rentré chez lui » mais, en l’état actuel des choses, je suis inquiet et l’inquiétude est source de bénéfique sortie si elle sait s’accompagner de propositions de solutions.

Or dans quelle situation sommes nous ? Je ne parle bien entendu que de la situation de victoire, la non-victoire nous ramenant, du fait de la déliquescence probable du Parti de Gauche dans ce cas de figure, à la situation des margouillis, tripatouillages, recherche de sièges habituels… Sans aucun intérêt donc…

Non je parle du seul cas intéressant, celui de la victoire présidentielle. D’aucuns et je les respecte totalement se gargarisent du peuple, votent la rédaction de la Constitution sur des AG en place publique, croient à la force démocratique des masses… je ne sais s’ils ont tort ou raison, je me garderai bien de porter un jugement. Ma vie militante m’a aussi fait passer par ces phases mais qu’il me soit permis d’être inquiet et de l’exprimer.

Toute l’histoire sociale, tout notre vécu des luttes sociales, celles de nos parents et grands-parents, les nôtres et particulièrement celle de mai 68 sont riches d’enseignements.

Juin 36, c’est la mobilisation sociale maitrisée syndicalement faisant suite à une victoire électorale, mai 68 c’est la mobilisation sociale sans relais politique crédible et efficace. Dans tous les cas de figure, il y a nécessité de pédagogie et d’organisation, il ne s’agit pas d’être au service mais de travailler en force de proposition à la lumière de nos orientations de congrès et nos débats internes, même si c’est vrai le concept de guide éclairé ne correspond ni à notre époque ni à notre temps.

Pédagogie, organisation, propositions  c’était le rôle de l’outil que Jean-Luc nous avait donné. Malheureusement l’erreur du Front de Gauche, la recherche permanente d’une coalition ou rassemblement non maîtrisé, l’acceptation plus ou moins affirmée d’une disparition au profit de quelque chose de plus grand sans que ce plus grand soit bien défini, conduisent notre parti à ne pouvoir jouer ce rôle en juin 2012.

Or, en dehors de rêves légitimes et très sympas, que ferons-nous pour mettre en place cette nécessaire Constituante ? Quel sera le poids de nos concepts et de nos idées dans sa composition si aucune force organisée n’est capable de maîtriser ? Combien d’entre nous on analysé la situation et le fait que la Constituante peut se retourner contre ceux qui la souhaitaient ?

Il est certes d’excellentes réflexions, celles de Raquel Garrido notamment, mais qui en portera l’influence sir un parti structuré, organisé n’est plus là pour le faire ?

Que personne ne se méprenne ? Je ne fais aucun procès, je suis militant du PG, je le resterai comme on accompagne ceux qu’on aime jusque dans l’agonie s’il le faut mais il me semble qu’alerter sur ces points n’est pas superflu et ces réflexions ne sont écrites que pour nourrir un nécessaire débat….

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