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50 ans après...
8 janvier 2016

La sempiternelle question des attitudes et des consciences

1er Mai

Partir ou rester, affronter les divergences du moment ou courber l’échine, affronter les exigences du temps long ou croire que tout est perdu à chaque étape compliquée, bref vouloir participer à l’émancipation des peuples ou se dire que « l’homme sage cultive son jardin », tels sont les dilemmes permanents qu’affronte tout militant.

Marqué dès l’adolescence par ce que m’ont appris mes bon maîtres de l’école républicaine, passionné d’histoire et de littérature, impressionné tant par les récits des acteurs réels de la Résistance que par la rapport quotidien que faisait la radio des « ratonnades » en plein Paris, ce n’est sans doute pas par hasard que j’ai fait le choix dès mon entrée dans le monde du travail d’être militant.

Je l’ai fait en connaissance de cause, je n’avais pas mesuré tout ce que cette vie m'a m’apporté depuis 50 ans.

L’enrichissement culturel et intellectuel, la mesure et la joie de quelques victoires, la grande satisfaction de la progression, hélas toujours fragile, de nos combats sociétaux, les leçons à tirer des nombreux échecs sont dans la balance des aspects extrêmement positifs…

J’ai appris que rien n’est jamais acquis, que 100 fois sur le métier, il faut remettre l’ouvrage, que la pression sournoise y compris par l’avancement comme la répression sauvage, brutale parfois font partie des armes du patronat et du capitalisme tout comme le conditionnement des camarades avec ou pour lesquels on se bat produit bien trop souvent injustice et mauvais jugements.

J’ai vécu les organisations syndicales d’abord, politiques ensuite, indispensables outils de toute évolution sociale que rien ne peut remplacer à mon sens et partout j’ai vu les difficultés et les richesses de l’élaboration collective de la revendication ou de la position politique…

Aucune organisation, quelle qu’elle soit, aussi vertueuse soit-elle n’échappe pas à la tentation de vaincre ses oppositions internes soit en tentant de les intégrer soit en se murant dans l’attitude de se débarrasser par découragement ou jugement de ceux qui veulent faire évoluer la ligne. Je l’ai vécu au sein de la CFDT lors de son allégeance au PS et j’ai vécu d'assez près, ces processus d’exclusion dont celui qui consista à virer un paquet de camarades avec les arguments de constitution de tendance interne et qui n’a aboutit qu’à un seul double résultat : accentuer la dérive libérale de la CFDT-PTT pour arriver la loi Quilès et favoriser la création de SUD PTT.

Aucun militant même le plus aguerri n’échappe au débat de conscience cornélien quand il est minoritaire : rester et se battre pour ses idées ou partir ailleurs ou nulle aprt en se disant que rien décidément n’évoluera jamais…

Bref sacrifier sa vie professionnelle et personnelle pour les autres avec le sentiment de l’inutilité de sa démarche ou se dire qu’on ne peut seul changer le monde, que les camarades sensés militer avec lui font défaut et qu’il est temps de « cultiver son jardin ».

Ce débat de conscience a agité beaucoup de militants à pas mal de reprises.

Je n’y ai pas échappé moi-même dans ces années de désert politique où, voulant rester fidèle à un idéal qui est le mien, après ma démission du PS en 83, j’ai traîné dans les mouvements alternatifs ne pouvant aboutir à rien ou vécu dans le compagnonnage d’un PCF qui fut désastreux. Chacun gère ces situations comme il peut, je ne suis fier d’aucune des solutions trouvées même si elles m’ont permis de vivre confortablement. Je dis et je signe que si, je ne me suis pas limité à cultiver mon jardin, c’est bien grâce à Jean-Luc Mélenchon et au Parti de Gauche à qui je dois ma « renaissance politique » et ma remise en « conformité » entre ce que je pense et ce que je fais.

Aujourd’hui, c’est mon parti, celui que je ne quitterai jamais de mon plein gré qui se trouve dans cette phase de savoir quelle est la bonne attitude entre des débats qui concernent son évolution et sa place dans le grand mouvement social commencé il y a si longtemps, jalonné lui aussi de victoires, de reculades et d’échecs.

Le parti est-il indispensable pour mener le combat avec le Peuple pour son émancipation ? Doit-il être porteur d’une ligne précise ou se fondre dans le grand débat des idées ? Doit-il s’organiser, se développer pour peser de tout son poids dans la victoire sur la 5ème République et dans l’accomplissement de cette étape indispensable pour entamer le processus de révolution citoyenne, ce qui implique de se situer dans le temps long ? Doit-il ou ne doit-il pas pas se situer dans une démarche de centralisme démocratique ou au contraire favoriser l’expression collective des idées ?

Telle est aujourd’hui, après une phase électorale désastreuse et après le constat que la coalition des forces tendant à le supprimer qu’elles viennent de ses anciens alliés du défunt Front de Gauche ou qu’elles viennent des forces du libéralisme, le PS en tête, ont les moyens de le réduire à néant, telle est la situation dans laquelle nous nous trouvons.

Et alors renaît à nouveau la sempiternelle question des attitudes et des consciences :

Pour le parti, maintenir coûte que coûte au prix des découragements et des exclusions, une ligne centraliste démocratique (ou pas) ou bien ouvrir très grand le champ des possibles, se structurer, s’organiser, se développer pour être moteur dans les passionnantes épreuves qui nous attendent.

Pour chacun d’entre nous, choisir une autre route, celle de cultiver son jardin ou celle de « faire de la politique autrement » comme nous disions chez les alternatifs, ce qui pour moi revient à court terme à sortir du jeu ou continuer quels que soient les obstacles, de cultiver l’exigence d’un parti fort, organisé, démocratique qui voit plus loin que l’horizon de 2017 et qui se pose en véritable parti de la Révolution Citoyenne laquelle est de toutes façons est tributaire du temps long.

Où serai-je dans ces choix? Je ne suis pas devin. Je suis un partisan acharné des idées que je défends depuis 50 ans, sur lesquelles j'ai fait un serment qui m'est personnel, qui ont forgé ma conviction au socialisme démocratique, autogestionnaire, écologique et seul le Parti de Gauche porte aujourd’hui ces valeurs, c’est avec lui, pour lui que me bats et pas ailleurs.

Et puis, au final, sans dévier de l'objectif je me bats dans mon parti et comme l’écrivais ces jours ci Jean-Luc Mélenchon, je serais tenté de me fondre dans l'attitude que résume cette belle phrase

«  Je marche, Monsieur, je marche ».

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