AU PG COMME AILLEURS, UNE VIE DE MILITANT N’EST NI UN LONG FLEUVE TRANQUILLE, NI UNE TOCADE PASSAGERE
Oh oui ! Combien en 50 ans j’en ai vécu de ces périodes comparables à celle d’aujourd’hui, combien de fois je l’ai vécu cette journée de sinistrose sur base d’écroulement de ce que à quoi l’on croyais ou du camarade responsable en qui on avait placé sa confiance, parfois son amitié, combien je les ai vues et parfois comprises ces désertions devant la moindre difficulté, le simple désaccord, ce couple que l’on voulait construire et qui vous fait choisir entre l’organisation et la vie soi-disant tranquille, combien de fois je l’ai vu cet enfant alibi qui vous commande d’arrêter tout pour vous occuper de lui au risque de faire se casser la figure à la structure qu’on a soi-même créée.
Oui, la vie de militant n’est pas simple, elle est semée d’embûches. Notre vie de militant comporte toutes ces situations mais elle est notre vie, je dirais même qu’elle est le cadeau qui vie a été offert, celui qui nous empêche d’être des moutons sous prétexte de liberté personnelle. Notre vie de militant, c’est aussi une déontologie, celle de ne rien accepter qui soit contraire au combat que l’on mène et en 50 ans, je sais combien il est difficile parfois de résister à l’offre alléchante qui se trouve liée au ralliement, pour ma part j’en ai refusé un certain nombre et je n’ai aucun remords…
En ce jour de tristesse pour tous les militants sincères, ceux qui ont toute leur vie combattu les racismes, sous toutes leurs formes, le racisme homophobe, le machisme, le refus de l’autre parce qu’il a une couleur différente, une religion différente, une vie sexuelle pas dans la norme du moment, je veux crier une certaine douleur, celle de voir les manœuvres politiques, celles du PS comme celles de la tendance Sarkosiste de l’UMP amener sur notre pays l’horreur du fascisme, celle de voir l’hypocrisie des "je ne suis pas raciste mais…", celle des gens ordinaires qui ont oublié la déportation ou la résistance de leurs parents pour voter parce que celle là, on ne l’a pas essayée.
En ce jour, oui je me souviens de ma vie syndicale partant d’une CFDT bien faible là où j’étais qu’il nous a fallu développer, organiser section par section, je me souviens de l’espoir qu’elle a fait naître par son positionnement dans ce beau mois de Mai 68, je me souviens de mes années de permanent confédéral, de mes responsabilités organisationnelles et de ma douleur quand, monopolisée par le PS en 83, il m’a fallu faire le choix de la quitter. Je me souviens de cette campagne de 1969 où, avec le petit PSU, nous cherchions dans nos campagnes les signatures et le fric pour la campagne de Rocard et de notre joie lorsqu’il put se présenter comme de ma déception profonde quand, comme d’autres pour le pouvoir, il se rallia à Mitterrand.
Je me rappelle mes combats et de mes discussions avec Jean-Louis Bory, Guy Hocquenheim pour la reconnaissance, la dépénalisation de l’homosexualité et du respect pour Badinter qui nous avait compris, et comment ne pas l’évoquer, je me souviens de cet espoir retrouvé lorsque le camarade Mélenchon se mouille à la fin des années 80, pour un statut juridique des couples de même sexe.
Oui mes camarades, tout ceci, c’est la vie de militant et pour ma part, malgré les douleurs, les années de traversée des déserts, je ne regrette absolument rien d’autant plus que 2008 devait raviver, avec la création du Parti de Gauche, une vie active de militant engagé.
Oui, ce parti m’a fait renaître en 1964 avec l’espoir mis dans la jeune CFDT et sa période révolutionnaire hélas finalement trahie, oui j’ai retrouvé chez Jean Luc les accents d’un Eugène Descamps, d’un Edmond Maire… Oui l’homme que j’avais découvert en 1989, dont je suivais depuis ce temps les actes et déclarations, avait eu ce courage beaucoup trop rare de tout quitter pour créer un parti incertain et je suis fier de l’avoir suivi dans cette démarche, de participer à la construction de ce qui devrait être le grand parti du socialisme.
Oh je ne suis pas un groupie, je sais trop comment la vie, les occasions, les relations, les intérêts peuvent transformer le meilleur d’entre nous en serviteur zélé de la carrière mais j’ai confiance en cet homme, je crois qu’on peut faire avec notre parti quelque chose de prometteur et de beau.
Ce n’est pas le jour à dire ceci me répondrez vous. Eh bien justement je pense que si, je pense que, parce que la situation est compliquée, parce que nous sentons à juste titre, quelque part trahi, le temps n’est pas à la démission, le temps est au combat et qu’il soit interne ou externe, un combat est un combat, il n’a qu’une raison d’être, c’est de gagner, de savoir de se séparer d’alliés encombrants, de prendre les risques comme nous les avons pris en son temps dans d’autres contextes, avec d’autres hommes et femmes et de continuer la lutte séculaire de la misère contre sa raison d’être, le capitalisme, de l’’exploité contre l’exploiteur, du militant écologiste contre les destructeurs de l’écosystème, bref la lutte éternelle des classes.
Courage à tou-te-s, notre combat est éternel, prenons y notre place, le maximum de place, ne cédons sur rien, serrons nous les coudes pour les périodes de morosité et de désespoir et mille fois sur le métier remettons notre ouvrage.
Notre vie militante, c’est ça, ne les laissons pas briser ce beau cadeau de vie qu’elle nous permet de vivre…