Pourquoi faut-il que les déceptions volent en escadrille
Il y a 33 ans, je quittais après 2 ans de doutes et de réflexion intense l’organisation syndicale CFDT à qui j’avais donné 27 ans de ma jeunesse et de ma vie, après sa création décembre 1964 date de mon adhésion, sa maîtrise réaliste et active de mai 68, son congrès de 1970 et l’espoir révolutionnaire des années 70. Son inféodation au courant rocardien du PS, sa non implication dans la contestation des décisions de 1983 et sa préparation avec le pouvoir de la scandaleuse loi Quilès Rocard qui coûte si cher aujourd’hui aux usagers de ce qui fut une si belle administration ont eu ce jour de 1991, raison de mon optimisme légendaire.
Ne pouvant admettre d’être non organisé, ce qui reste une catastrophe pour le monde du travail, j’ai adhéré dans le quart d’heure à la CGT qui pourtant m’en avait fait avaler des couleuvres, qui me traita naguère de « syndicaliste à la mode de Vatican 2 » mais qui me semblait avoir évolué sur une conception proche de la mienne, celle d ‘un syndicalisme révolutionnaire, interprofessionnel (ce qui me détermina dans mon choix entre CGT et SUD).
Après il fallut avaler les couleuvres Thibault, vous savez, ce camarade qui fut recasé aux JO de la honte et qui pose fièrement aux côtés de de son mentor Roussel et même de De Bézieux ex patron du MEDEF en valorisant cette manifestation d’aliénation des esprits au travers du sport, puis les frasques Le Paon, les atermoiements de Martinez ….
Heureusement, il y eut 2008, Jean-Luc Mélenchon crée le Parti de Gauche et tous les thèmes de notre congrès de 1970 reprennent de la couleur, l’autogestion, la planification, le socialisme dans la démocratie auxquels s’ajoutent l’égalité des droits, le féminisme dans son concept malgré ses outrances et l’éco socialisme…Espoir qui renaît, hélas terni quelques années plus tard par les reculs imposés par l’électoralisme d’un mouvement dit gazeux.
Espoir renaissant lorsque la CGT porte le combat contre la retraite à 64 ans et que nous atteignons le summum de la lutte le 1er mai 2023.
A cette date Sophie Binet est élue secrétaire générale et je le vis comme un réel espoir. Espérance de très courte durée puisque le premier acte de la camarade Binet est de répondre favorablement à la demande de rencontre de Mme Borne pour examiner la paix sociale !!!!!! Ce fut la signature de l’acte de décès de notre combat et la validation du projet scélérat.
En ce temps de crise politique, quand le pouvoir macronien est à l’agonie, quand des forces se battent pour en finir avec Macron et son fan club désavoués par le peuple à 3 reprises en un mois, quand la jeunesse éternel espoir des luttes sociales, celle célébrée en leur temps par Jaurès dans on « discours à la jeunesse », par le Che par sa déclaration gravée au fronton du mémorial de Santa Clara « La arcilla fondamental de nuestra obra es la juventud » notre syndicat n’appelle en aucun cas à la généralisation des luttes dans les entreprises et repousse de journées en journées des rassemblements aléatoires dont le prochain peut paisiblement attendre le 1er octobre…Plus grave peut être, invoquant la charte d’Amiens (par ailleurs discutable sur certains points) et sur laquelle il s‘est assis pendant son demi-siècle de courroie de transmission du PCF, il refuse de s’associer à la grande protestation politique du 7 septembre, validant de fait son abstention de toutes les procédures de contestation ou de destitution du système Macron.
Que faire désormais, vivre une nouvelle fois la tristesse de la rupture de 1991 ? Continuer d’avaler ces couleuvres indigestes ? Se retrouver dans les rangs d’inorganisés qui, à l’instar des GJ finiront toujours par l’infiltration des idées et la mainmise de forces anti sociales, anti sociétales comme l’extrême droite…
Se désespérer, abandonner le combat n’est pas dans ma nature et je suis de ceux et de celles qui voulons partir sans avoir renié aucune des idées, aucune des luttes, aucun des idéaux qui furent les nôtres mais comment et avec qui dans un tel contexte ?
Je n’ai pas cette réponse hélas